Page 8 - AQMAT magazine Automne 2020
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la climatisation représente
l’un des défis les plus insidieux face aux changements climatiques et l’un des problèmes technologiques les plus difficiles à résoudre, notamment en raison des gaz à effet de serre très puissants qu’ils libèrent.
Actualité
Construire et vendre des climatiseurs
sans nuire à l’environnement :
une équation fragile
plus le monde se réchauffe, plus nous aurons besoin de refroidissement, non seulement pour le confort, mais pour la santé et la survie des populations. or, les climatiseurs eux-mêmes produisent suffisamment de chaleur pour augmenter de manière mesurable les températures urbaines. Alors, devons-nous continuer de construire
et de vendre les mêmes climatiseurs ?
elon le rapport Future of Cooling de l’Agence internationale de l’énergie, la croissance démographique, l’augmentation des revenus, l’urbanisation croissante et la hausse
des températures estivales pourraient tripler le nombre d’unités de climatisation installées dans le monde d’ici le milieu du siècle, poussant le total à six milliards.
De plus, ces milliards de nouvelles unités gourmandes en énergie créeront une des plus importantes sources de croissance de la demande d’électricité dans le monde. Celle-ci pourrait tripler, atteignant 6 200 térawattheures d’ici 2050, soit près d’un quart de la consommation totale d’électricité dans le monde.
Des solutions multiples
Comment rendre le stock mondial d’unités de climatisation beaucoup plus efficace ?
La question se pose d’autant que la technologie fonctionne à peu près de la même façon depuis des décennies et qu’il se fait relativement peu de recherche et développement comparativement à d’autres domaines.
L’adoption de réfrigérants alternatifs pour remplacer les hydrofluorocarbures, des gaz à effet de serre très puissants quand ils s´échappent, apparaît comme une voie à emprunter.
Il existe des options à moindre impact sur le réchauffement, comme une classe de composés prometteurs connus sous le nom de HFo, de même que certains hydrocarbures, comme le propane et même le dioxyde de carbone.
Cela dit, tout ne repose pas sur l’industrie de la climatisation elle-même.
La transition du réseau électrique vers une plus grande utilisation de sources d’énergie propres, telles que l’énergie solaire et éolienne, réduira progressivement les émissions indirectes de gaz à effet de serre provenant de l’énergie utilisée pour alimenter les climatiseurs.
Aussi, le développement de réseaux de plus en plus intelligents pourrait aider les systèmes électriques à faire face aux tensions de pointe de climatisation.
Il est aussi possible d’alléger les charges d’électricité nécessaires pour refroidir les bâtiments, notamment en ajoutant de l’isolation, en colmatant les fuites d’air, en installant des couvre-fenêtres ou des films et en appliquant des couleurs ou des matériaux réfléchissants sur les toits.
enfin, l’adoption de politiques publiques pour favoriser l’achat d’appareils plus efficaces pourrait aussi faire une grande différence.
Aux États-unis, un certain nombre de start-ups travaillent à la mise au point de nouvelles technologies moins énergivores. elles ont plus qu’avant accès à des capitaux, mais les montants récoltés sont minimes par rapport aux dizaines de milliards de dollars qui sont versés dans d’autres secteurs de l’énergie et de la technologie.
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