Page 12 - VISION MAGAZINE LANDES 2021 2022 LISEUSE

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EDITO

n ne s’habitue jamais totalement au silence d’une ville assoupie et on finissait presque par oublier
tous ces bruits qui font chanter le quotidien.
OLes verres qu’on entrechoque, le tintement des couverts à table, le frôlement de la petite robe
sous le vent, les talons qui claquent sur les trottoirs, le son d’un concert en live, la sono des voitures
qui passent sous nos fenêtres, le souffle haletant des salles de sport, les cris des enfants sur la plage,
la turbulence de la scie d’un artisan, mais surtout, surtout, le brouhaha incessant des conversations
en terrasse.

On ne s’habitue jamais totalement au port d’un tissu sur la bouche, muselant notre relation à l’autre,
étouffant nos habitudes et on finissait presque par oublier tous ces gestes qui marquent notre quotidien.
Le bonjour à l’amie que l’on croise (car on la reconnait), le sourire que l’on adresse, l’expression de nos
émotions que l’on dévoile, la liberté de déclamer, de dire oui ou non, vrai ou faux, le rouge qu’on pose sur
les lèvres, la grosse boucle que l’on porte crânement à l’oreille, les effluves de la cuisine du bon petit
resto en bas de chez soi, mais surtout, surtout, le bisou et l’étreinte donnés à nos proches.

On ne s’habitue jamais totalement à l’enfermement tout court et on finissait presque par oublier, passant
au mieux notre quarantaine en nouveau Robinson, les sorties et décisions réjouissantes qui jalonnent
notre quotidien.
Partir en voyage, réserver un hôtel, retourner dans le restaurant qu’on aime, découvrir le nouvel étoilé
ou tester enfin celui qui vient de rouvrir, boire un verre entre ami.e.s face à l’océan, shopper dans des
boutiques charmantes, redécorer son univers, acheter ou louer la maison de ses rêves, mais surtout,
surtout, s’occuper de soi et de ceux qu’on aime.

Bienvenue dans nos habitudes presque totalement retrouvées.

Catherine Nerson