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A noter aussi par ailleurs que le patronymique Kaïkhelevitch (fils de ...) trop «yiddish», trop juif a été dès lors pour toute la famille russifié en Mikhaïlevitch, plus rassurant dans un pays, même socialiste, où l’antisémitisme reste encore aujourd’hui une seconde nature.
Alors que la «famille russe» fait la révolution à Pétrograd, en choisissant la fraction bolchévique, Evel, de son coté, participe en France aux derniers combats du front du nord-est ; il est libéré le 20/02/1919 à Châtel-Nomexy après avoir fait partie des troupes d’occupation en Allemagne et découvrira de retour à Paris, que tous les siens, frère, sœur, beau-frère, nièces et neveux, ont tous disparu le laissant seul, définitivement coupé d’une famille qu’il ne reverra jamais plus.
C’est donc ici que débutent 100 années... un siècle au mois près, d’une silencieuse et douloureuse rupture !
Rideau-de-fer oblige, Evel n’aura, jusqu’à son décès en 1982, jamais
plus aucune nouvelle des siens lesquels de leur coté l’imaginent en silence et avec prudence encore peut être vivant malgré son engagement militaire. Rupture que Lolik, surnom affectueux donné à Evel par ses sœurs et frère, aura beaucoup de mal à vivre et qu’il évoquera souvent plus tard par des descriptions idylliques de la minoterie, de la maison et du jardin potager de Mélitopol, toujours avec
beaucoup d’émotion et définitivement fâché avec le seul mot «socialisme» qu’il rendait responsable de son tourment.
En 1920, sous le coup d’une mesure administrative d’expulsion du territoire il aurait donc pu, 8 ans après son arrivée en France, décider de retrouver la famille en Russie... Mais il se réfugie à la Légion Etrangère et s’engage de nouveau pour 5 ans le 21/12/1920. La mesure d’expulsion sera annulée dix ans plus tard.
De leur vie à Pétrograd, après 1917, nous n’avons que des bribes. Néanmoins il est de source sûre qu’Ilya, parmi les leaders des avant-gardes, fut l’un des dirigeants du «Collège des arts et de l'industrie artistique». En 1920 il est suspendu de son poste de professeur... Peut être, si on en croit ce qui a été rapporté plus tard, pour incompatibilité d’humeur avec un certain Kasimir Malévitch !
Dans ses mémoires de guerre (sakharov-center-1940-1945) une certaine Mme Jelezniak de Vologda où Ilya s’était également réfugié, mentionne qu’il «...a étudié dans sa jeunesse à Paris et était un formaliste pur et propre» ! Considéré comme un paysagiste, sa carrière semble donc s’être menée loin des avant-gardes comme des commandes du réalisme socialiste officiel ! Il décèdera en 1947.
Ilestcependantbieninscritsurlalistedes“Peintresdel’URSS”: http://painters.artunion.ru/2-09.htm
De son coté, Izraël entre dans l’Armée Rouge en 1919 et participera sans aucun doute aux nombreuses opérations militaires contre les révoltes et les pogroms qui jusqu’en 1922 se sont déroulées dans les régions de l’ouest et aussi contre les troupes de Denikine, commandant en chef de l’Armée des volontaires (dite aussi Armée Blanche par opposition) dont une proclamation incitait ainsi le peuple à «s'armer et à se dresser contre les communistes bolcheviques juifs, l'ennemi commun de notre terre russe»... «afin d'extirper la force mauvaise et diabolique qui réside dans le cœur des communistes juifs»
(Voir : Le livre des Pogroms Antichambre d’un génocide, Ukraine, Russie, Biélorussie 1917/1922 chez Calman Levy)
Ce qui est par contre avérée est la naissance en Russie le 21/01/1921 du quatrième enfant de Rosa, Maria
(Mura pour la famille) la dernière nièce d’Evel, qu’il ne connaîtra jamais au contraire des trois premiers.
Evel Iofa en 1917
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