Page 10 - Edition novembre 2019
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LA CABANE DANS LA FORÊT
 C’est dans un bar de cam- pagne d’un petit village du centre de la France
que nous nous trouvons ce soir, il est autour de vingt et une heure. Tout ce groupe d’amis chasseurs se retrouve autour d’un bon verre comme à son habitude et se raconte ses histoires d’antan
« [...] Un début d’après-midi splendide pour aller chasser que me disait Gilbert. Début d’après-midi.. Début d’après-midi... Il sonnait déjà
vous connaissez Gilbert hein, après sa bouteille de rouge de quatorze heure, plus rien ne l’arrête ! Il était déterminé comme jamais, le temps s’y prêtait parfaitement aussi ! Grand soleil, ciel
voyez ! » -OuiJean!Onvoit!Allezac-
célère !
- Ça va, ça va, ça arrive, dis-je en
me reversant un verre de pinot.
« Bon bref. Comme vous savez, il ne sort plus de chez lui depuis cette après-midi. Et bien je vais vous conter son histoire. Alors s’il vous plaît, les
« Gilbert sortait de not’ bar, il re- bouchait sa demi-bouteille pour se
garder de ce précieux jus durant sa balade. Il tanguait un peu, comme d’habitude je vais vous dire ! Arrivé devant sa maison, il posa la bouteille discrètement sur le coté gauche de la porte d’entrée. Comme ça, se disait-il, sa bonne petite Jocelyn ne se douterait de rien. Il rentra en tambourinant sur la porte, envoya dans les airs un vague « Bisous ma ‘tite chérie ! », saisit son fusil double-canon calibre douze, prit le temps de l’admirer de toute la bril- lance qu’il dégageait. La puissance de son fusil le faisait chavirer. Finale- ment, Gilbert empoigna une dizaine de cartouches qu’il fourra dans son gros manteau en cuir marron. Il prit alors le sentier battu vers la forêt verte. Et oui, la forêt verte, et non la marron les copains. Il ne sait toujours pas si c’était de son intention ou de celle du
à travers troncs et buissons. Les oi- seaux gazouillaient doucement et Gil- bert alternait, comme à l’accoutumé,
- pagnement, une lichette de rouge bien méritée, et un bras armé vers le ciel. La journée était belle. Seulement, dans
cinq cent mètres, et on s’y retrouve plus ! Les cimes des arbres deviennent nos seuls cieux, et les oiseaux notre
seule musique. D’autant que Gilbert ne pouvait plus entendre la cloche de notre église sonner »
Tous s’étaient tus. Un rare silence de mort s’était posé dans ce bar. Ils savaient tous que cette forêt était un vrai labyrinthe, surtout que l’une des grandes craintes du chasseur est de rester coincé comme un gibier.
« Il s’enfonçait de plus en plus dans cette forêt. Il le faisait sans lâcher son traditionnel rythme trinitaire puis passaient les heures. Seize heure. Dix- sept heure. Dix-huit heure. Dix-neuf
d’esprit, entreprit de faire marche ar-
et une nouvelle bouteille de rouge. Donc, Il marchait, encore et encore, la nuit était tombée depuis déjà un sacré moment. Le fusil en l’air, il tenta un tir d’appel au secours, ce qui ne l’avança pas plus, mais il n’avait pas tiré de l’après-midi. ( tous avaient posé leur verre ) Selon lui il devait être aux alen- tours de vingt-deux heures, quand il débusqua un chemin créée par l’hom- me. »
« Tout heureux, il augmentait la cadence et avançait tel un militaire
        













































































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