Page 33 - Islenska
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Le soleil brillait à mon réveil. Je ne le compre- nais d’ailleurs pas car j’avais eu l’impression que de l’eau de pluie m’avait réveillée. Je tâtais mon visage, il était bien humide, mais d’eau salée, pas de l’eau claire du ciel. Était-ce à nouveau un phénomène étrangement islandais ? Je me retournais vers l’elfe pour le lui demander, mais il avait encore disparu. Inutile de le chercher, je savais qu’il réapparaîtrait le moment venu. Comme toujours. En revanche, à cet instant, je réalisais l’étendue illimitée de l’océan. J’étais au beau milieu de ce dernier, seule, sans une quel- conque notion de navigation, sans repères, sans même apercevoir un bout de terre à l’horizon. J’étais perdue dans une immensité inconnue. L’océan calme ne laissait rien transparaître. Pas une vague. Au loin, le néant de l’horizon. Le ciel gris-bleu plongeait dans l’océan bleu-gris. Mes yeux fixés sur la surface. Le remous léger du bateau. Le vent glacial sur mes joues rougies. J’attendais. Apaisée par ce spectacle. J’atten- dais et je veillais.
Les paroles de Sigurjón résonnaient dans ma tête. Je tâtai le parchemin dans ma poche. Il restait sous ma protection. Je le sortis à nou- veau, relisant les vers intacts tout en essayant de me rappeler ceux qui avaient disparu la veille. Tout cela me troublait. Quel était donc ce subtil subterfuge qui effaçait ces écrits ? L’elfe avait dit que j’étais responsable de cet artifice. Je n’avais rien compris de ce qu’il m’expliqua. Ou peut-être que je refusais de comprendre. La responsabilité paraissait trop lourde. Comment pouvais-je sauver l’Islande alors même que je ne connaissais rien d’elle ? Mes pérégrinations