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MOT DU RÉDACTEUR EN CHEF
Chaque rentrée scolaire amène son lot de questions pour les auteurs
et auteures de l’Ontario français qui souhaitent que les institutions
d’enseignement participent à la vitalité du milieu littéraire franco-
phone de la province, toujours fragile. On peut se demander, par
exemples, quelles ressources sont offertes aux enseignant·e·s pour
leur permettre un meilleur accès aux œuvres franco-ontariennes,
pour cultiver chez les élèves le goût de la lecture, pour favoriser le
développement d’une identité francophone en Ontario. De plus,
comment ces enseignant·e·s sont-ils et sont-elles sensibilisé·e·s, lors
de leurs études universitaires, à l’importance de faire connaître la
littérature franco-ontarienne à leurs élèves ? Comment les différents
agents du milieu littéraire travaillent-ils à la valorisation et à l’inté-
gration du corpus littéraire franco-ontarien dans le milieu scolaire ?
Quelle est la place de la littérature franco-ontarienne dans les salles
de classe ? Quelles actions concrètes les enseignant·e·s posent-ils et
posent-elles pour stimuler l’intérêt envers les œuvres écrites ou pu-
bliées ici ? Qui choisit les livres à se procurer dans les bibliothèques
scolaires de la province ? Quelle part du budget d’acquisition de
ces bibliothèques est consacrée à la littérature franco-ontarienne ?
Où sont achetés les livres ? Dans des librairies de l’Ontario, dans
des magasins à grande surface, ou au Québec ? Quelles sont les
intentions du ministère de l’Éducation de l’Ontario en termes de
politiques et de programmes pour favoriser le développement de
l’enseignement de la littérature franco-ontarienne dans les écoles
de la province ?
Pierre-Luc Landry
L’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français a lancé Photo : Benoit Laflamme
une série d’enquêtes pour prendre le pouls de la situation actuelle
dans les écoles de la province. Malheureusement, il a été difficile ressources pédagogiques (CFORP), et fait le point sur leurs projets
de parler aux personnes susceptibles de répondre à nos questions, actuels afin d’en démontrer la pertinence, non seulement pour
l’été étant la période des vacances pour plusieurs intervenant·e·s de les enseignant·e·s de la province, mais pour tous ceux et toutes
premier plan. De plus, notre objectif était sans doute un peu trop celles qui s’intéressent aux manières de faire participer la littérature
ambitieux; néanmoins, si nous n’avons pas réussi à dresser un por- franco-ontarienne au dialogue pédagogique et social. Finalement,
trait global de la situation du livre franco-ontarien dans les écoles Éric Charlebois, de son côté, a interrogé trois enseignant·e·s de la
de la province, nous vous offrons tout de même ici, dans cette province afin de saisir la place qui est faite aujourd’hui aux textes
livraison du bulletin Participe présent, quelques pages de texte fort franco-ontariens dans les écoles. Évoquant les paramètres ministé-
éloquentes quant au chemin parcouru par les Franco- Ontariens riels et les contraintes budgétaires des conseils scolaires, l’identité
et les Franco-Ontariennes, depuis la crise scolaire engendrée par franco-ontarienne et l’apprentissage de la lecture ou du français en
le Règlement 17, pour assurer l’enseignement en français dans la tant que langue étrangère, il postule l’idée selon laquelle la litté-
province, d’abord, et pour stimuler l’intérêt des jeunes envers la rature franco-ontarienne serait une technologie de pointe dans
littérature produite ici, ensuite. l’apprentissage de la langue et de l’identité.
Jean-Claude Larocque et Denis Sauvé, auteurs du roman pour la Bref, il appert, au terme de ce dossier, que pour toutes les personnes
jeunesse John et le Règlement 17 (Éditions David, 2014), entament consultées lors des différentes enquêtes que nous avons lancées —
le dossier avec un texte mettant en perspective les luttes menées qu’elles soient abouties ou encore en cours —, la littérature franco-
par les francophones de l’Ontario pour assurer l’enseignement ontarienne peut et doit participer au débat public. L’obstacle le plus
en français dans la province. Larocque et Sauvé en profitent difficile à surmonter n’est pas le manque de volonté de la part de
pour montrer que la littérature pour la jeunesse, en même temps qui que soit, mais bien plutôt les contraintes budgétaires, comme
qu’elle peut mettre en scène l’histoire de la communauté franco- d’habitude : il semble en effet que l’argent continue de mener le
ontarienne pour la faire découvrir aux lectrices et aux lecteurs, monde et que la créativité se heurte, la plupart du temps, à des
est un outil de construction identitaire jouant un rôle essentiel réalités économiques qui ont peu à voir, finalement, avec les ambi-
dans l’édification d’un avenir franco-ontarien. Aristote Kavungu, tions des auteurs et auteures, des enseignant·e·s, des bibliothécaires
lui-même enseignant, dresse le portrait de deux organismes essen- et des pédagogues.
tiels au développement de ressources pédagogiques pour la salle Pierre-Luc Landry
de classe. Kavungu présente le mandat du Centre de leadership et
d’évaluation (CLÉ) ainsi que celui du Centre franco-ontarien de
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PARTICIPE PRÉSENT | NUMÉRO 74 - ÉTÉ 2018