Page 208 - LETTRES AMICALES ET AMOUREUSES
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LE COUTURIER DES MOTS


                                   Je couds mes rêves sur des nuages de pluie,
                           des bouquets de mots d'amour pour fleurir mes pensées .
                                   Je brode des étoiles sur les silences tous gris
                                   et dans mon cœur ils sont là bien accrochés .
                                           J'ourle sur une toile d'ombre
                                             quelques beaux souvenirs
                                      et je pique un à un des songes de satin
                                             sur des nuits sans sommeil
                                                où je voudrais dormir
                                   qui me tiennent éveillé jusqu'au petit matin .
                                  Je tisse mes sentiments sur la trame de ma vie
                                   et puis des sourires sur ton ombre de brume,
                                   des perles de douceur sur un amour enfoui
                                     et de tendres poèmes écrits de ma plume .
                                       J'enfile tes mots, petits diamants de toi,
                                           mon insaisissable Amie chérie
                                      en un collier rose auréolé de lumière  .
                                je le garde bien au chaud pour les jours sans joie

                                   pour illuminer mon cou comme une rivière .
                              Je découds point par point tous les mots de chagrin,
                                    et le vent les emportera vers le ciel infini .
                                   Ils retomberont en poussière un beau matin,
                                   laissant place à une belle et douce éclaircie .
                                       Ma bobine de fil doré vient de s'étirer
                                          en s’emmêlant sur mon aiguille
                                               et n'ayant plus de temps
                                            pour en chercher une neuve
                                                   dans mes tiroirs,
                                              je suis obligé d’arrêter là
                                               mon modeste ouvrage .


                                                     Axel Barreda
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