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S’il est reconnu, il imagine déjà la première page des journaux du lendemain :
« LE PÈRE NOËL PERDU À PÂQUES ». Il aurait l’air de quoi ! Vite, il regagne
son traîneau.

— Allez, hop ! les rennes ! Debout ! On s’en va !

Pauvre Père Noël, la chance n’est décidément pas avec lui. Heureusement, plus
loin sur sa route, il voit une grande maison en pierre, de forme triangulaire.

— Bon, là, je sens qu’on va pouvoir me renseigner.

Il entre dans le bâtiment et suit les flèches tracées sur les murs.
pénombre
Ombre, noirceur. Mais bientôt, il s’arrête. Dans la pénombre, devant lui, un
homme, immobile, le regarde fixement. Prenant son courage
à deux mains, Père Noël engage la conversation.

À quoi servent — Bonjour ! euh… mon cher ! Vous allez trouver ça drôle,
les points de
suspension mais je voudrais me rendre à Venise, et j’ai perdu ma carte.
en bleu ? Pouvez-vous m’aider ?

La statue ne répond pas. Elle continue de fixer Père Noël, qui répète sa question,
sans obtenir plus de réponse.

— Êtes-vous sourd ? ou muet ? ou fâché ?... ou impoli ? Dites donc, dormez-vous
les yeux ouverts ? Mais nom d’une étoile, je suis pressé, moi ! Bon, si c’est

comme ça, salut ! Faites de beaux rêves !

D’un pas rapide, Père Noël retrouve son équipage
et, sans attendre, ordonne d’un ton sec :

— Allez, hop ! les rennes ! Debout !
On s’en va !

Père Noël se redresse un petit peu sur
son siège. Son mal de dos est revenu.

— Chaque année, c’est la même chose.
Après ma tournée, je suis très fatigué.

Je pense même que je me suis endormi.
Bon… Où en étais-je ? Ah oui, Venise…
Je l’avais presque trouvée sur la carte.

Michel LUPPENS, Le grand voyage de Père Noël, Mont-Royal, Modulo Jeunesse, 1998.

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