Page 16 - Journal Juin & Juillet 2018
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Textes à ruminer
Marie Roy
JONAS
Ses yeux sont comme des billes, ils m’hypnotisent. Étant d’un naturel curieux, il fit à mon plus grand malheur,
Je me sens scrutée de l’intérieur. L’expérience des substances toxiques, en s’adonnant à l’acide.
Je ne fais aucun mouvement qui pourrait le décevoir. Ce dépendant aux drogues fortes était loin de s’imaginer,
Des impacts que cela aurait sur sa santé.
Assise sur la galerie, je feins l’indifférence.
Il s’approche, je ne fais rien pour l’en dissuader. Dans l’énervement et la peur de le perdre,
La communication commence et je deviens transparente. Je lui ai fait prendre un bain afin de le libérer
Un commun accord de confiance s’installe entre nous deux. De ces corps étrangers non espérés.
Avec lui, l’univers de mon enfance L’automne étant terminé,
Me transporte et change ma vie en abondance. Une première neige s’est mise à tomber
Nous passons de longues heures à faire connaissance Sur le perron de ma galerie.
Et à apprivoiser notre amitié.
À travers le rideau, je regardais mon ami de toujours
J’aime son infinie douceur Qui n’avait maintenant plus aucune protection capillaire.
Qui m’apporte un bonheur intérieur, Son frêle corps voguait au vent dans un début de tempête hivernale.
Une joie sans borne qui me fait rire, me rassure.
N’ayant pas le droit à sa passe au chaud, ce sans-logis de la saison froide,
Je le sens heureux, par le drôle de bruit qu’il émet, A dû se trouver un autre endroit pour dormir la nuit et revenir durant le jour
Quand je peigne avec mes doigts sa courte chevelure laineuse. À sa place de prédilection, la galerie.
Dès le moment où je l’ai vu, je me suis fait sa protectrice.
De jour en jour, je le voyais reprendre de sa pilosité.
Doué d’une grande souplesse, C’était pour moi un exemple de courage et de ténacité,
Il avait pris la mauvaise habitude de se blottir Mais un jour, je ne le revis plus,
Dans des endroits plus ou moins recommandables, Sauf une fois où je l’aperçus boitiller
Où il se plaisait à se réchauffer de longues heures, près des moteurs. Et passer devant la maison sans arrêter.
À partir de cet instant, ma vie prit un tout autre tournant.
M’inquiétant pour mon confident, ce miroir de moi-même,
Ce sans-abri, assez téméraire, mais pour toujours, mon ami sincère.
Veillant à ce qu’il ne s’endorme pas à quelconque endroits peu sécuritaires,
Étant très peu soucieux du danger qui le menace,
Lui, ainsi que ses nouveau-nés,
Qu’il venait de me présenter dans la matinée.
Probablement qu’il faisait ses adieux, en passant une dernière fois près de son lieu d’appartenance, avant de faire le saut, le grand, qui
venait de mettre un terme à ces neuf vies comme le disent les croyances anciennes.
Je suis satisfaite de l’avoir connu, ainsi que tous ces descendants, qui m’imposent de me battre à tous les jours afin qu’ils soient exempts de
tous les malheurs causés par les monstres agricoles qui circulent malheureusement dans leur environnement. Il ne faut pas oublier
également ces gros ruminants à haut degré de dangerosité qui écrasent des vies, sans même s’en soucier, me causant ainsi de gros chatgrins.
Marie Roy
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