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\Ä °àt|à âÇx yÉ|á bÜtÇ                                                        Mercredi 17 Avril 2019
                                                                                                                                                       5


                           (PARTIE 3)


                                       70e anniversaire de l’attaque de la poste centrale d’Oran

                                     L’HISTOIRE D’UNE PLAQUE




                                                   COMMÉMORATIVE





                   Le stress et l’angoisse règnent chez les membres du commando. A Alger, je passe ce lundi dans l’angoisse. La TSF n’annonce rien,
                                                                     les journaux du soir non plus.

                      Par M.H            tions, nous décidons de main-
                  oute liaison télépho-  tenir notre plan d’attaque de la
                  nique étant interdite  poste d’Oran. Opération re-
            Tentre Ben Bella et moi,     portée au premier lundi d’avril.
            je demande à Lahouel d’appe-  A la mi-mars, je me rends à
            ler le responsable du MTLD à  Oran. Ben Bella et moi repre-
            Oran, Hammou Boutlelis,      nons contact avec Nemiche. Il
            comme s’il s’agissait d’une  nous dit qu’aucun change-
            communication de routine.    ment n’est survenu dans le
            Boutlelis n’étant pas au cou-  dispositif de sécurité de la
            rant de notre projet, en cas de  poste ni dans les  habitudes
            réussite il mentionnera forcé-  des employés. Nous nous au-
            ment ce « fait divers », ne se-  torisons de cette bonne nou-
            rait-ce que pour agrémenter la  velle pour aller tous les trois
            conversation. Or, Boutlelis ne  au cinéma, voir ‘Rebecca’ avec
            dit rien. L’énigme ne s’éclair-  Laurence Olivier et Joan Fon-
            cira que le lendemain, avec le  taine. Quelques jours plus
            retour de Ben Bella à Alger.  tard , je suis obligé de quitter
            L’attaque de la poste d’Oran  précipitamment Oran pour me
            n’a pas eu lieu.             mettre au vert à Er-Rahel,
            La raison de l’échec. Le taxi est  bourgade à une soixantaine  paraisse momentanément de  restaurateur de Mostaganem  Fils du caïd » souffle à son ca-
            tombé en panne à quelques    de kilomètres au sud-ouest   la circulation.              s’est désisté, « sa fille venant  marade de décamper en vi-
            minutes du bâtiment- un      d’Oran, où le responsable local  Et voilà pourquoi je me re-  de tomber gravement ma-  tesse pendant qu’il tient les
            ennui mécanique dont ni Khi-  de l’OS, Fartas, m’héberge. Si  trouve à Er-Rahel, où je passe  lade». Il a été remplacé au  gendarmes en respect. Puis, il
            der ni les autres ne sont venus  je cite ce  fait, en lui-même mi-  une semaine de détente. Je  pied levé par Omar Haddad,  commence à reculer, son pis-
            à bout. Souidani a pris la déci-  neur, c’est à cause des raisons  sillonne en vélo les pistes gou-  ce militant dit « yeux - bleus »  tolet toujours braqué sur la
            sion rapide et sage de renon-  qui le motivent. Ben Bella et  dronnées des grands do-  qui , pour l’heure, casé à Tu-  jeep, et ne se retourne qu’à
            cer. Ils ont abandonné le    moi devions dîner un soir chez  maines, ces vignobles à perte  renne où il ronge son frein, a  quelques dizaines de mètres
            véhicule et se sont repliés en  le Dr Boumediène Ben Smaïn.  de  vue ponctués par les pe-  tout de suite accepté de parti-  plus loin, pour s’enfuir à toutes
            bon ordre. Ils ont fait  preuve  Finalement, il nous invite au  tites villes de Rio-Salado (El  ciper au commando. Le même  jambes, en zigzaguant entre
            d’intelligence en ne se laissant  restaurant « Le Petit Chez-Soi  Malah), Hammam Bou-Hadjar,  jour arrivent d’Alger, par une  les arbres pour échapper aux
            pas griser par le feu de l’action,  » à dix heures du soir, ayant dû  Aïn Témouchent. Au coucher  malencontreuse  coïncidence,  balles des gendarmes. « Elles
            en n’essayant pas, malgrè tout,  accoucher lui-même sa femme  de soleil s’y étire, le cortège  et non sans provoquer une  sifflaient de partout », me
            d’aller jusqu’au bout.       dans la soirée.              d’une humanité brisée de fa-  chaude alerte, deux maqui-  dira-t-il le lendemain.
            Et rien n’est perdu, car     Quelle n’est pas ma surprise  tigue qui regagne, loqueteuse  sards de  Kabylie qui doivent  Revenu à son point de chute,
            l’énigme du taxi n’est pas per-  de reconnaître dans le dernier  et hagarde, la misère de ses  être recasés dans l’Oranais.  son camarade nous raconte
            cée. Selon la presse, le chauf-  client attablé - car il se fait  taudis. Heureusement que les  Aussitôt débarqués, celui qui  l’aventure, les coups  de feu
            feur dit avoir été bien traité,  tard- l’inspecteur Aït Amer, de  militants d’origine rifaine réus-  porte le  nom de  guerre de  qu’il a entendus de loin. Le «
            mais ne peut donner aucun in-  la P.J de Tizi Ouzou. Je fais  sissent, par leur engagement  Wlid El caïd (Fils du caïd) et  Fils du caïd » aurait-il été at-
            dice sur les « truands » qui  signe à mes deux compa-     et leur exemple politique, à ef-  son inséparable compagnon  teint ? La nuit se passe, et il n’a
            l’ont kidnappé. Nous guettons  gnons de me suivre dans la  friter le mur d’incompréhen-  vont se dégourdir les  jambes  toujours pas reparu. Ben Bella
            cependant les réactions de la  cuisine et je leur dis qui est le  sion, voire d’hostilité, que la  dans les environs. Ils croisent  fait demander aux responsa-
            police. Qu’elle procède à l’ar-  bonhomme. Originaire de la  colonisation essaie de dresser  deux gendarmes à bord d’une  bles locaux d’entreprendre des
            restation de quelques têtes  Kabylie, le patron du restau-  entre Maghrébins par le jeu de  jeep qui se retournent curieu-  recherches dans toute la ville .
            brûlées nationalistes du « Vil-  rant sait qui est son client, et il  l’armée de réserve des saison-  sement sur eux. Est-ce à cause  Et notre bonhomme est re-
            lage nègre », qu’elle renforce  m’interroge du regard. Com-  niers à bon marché. A Er-  de leur accoutrement dispa-  trouvé dans un bain maure. Il
            son dispositif de surveillance,  ment se fait-il que je le sache  Rahel, un maquisard de  rate, bleus de chauffe et cana-  a eu l’intelligence de s’adres-
            et nous saurons qu’elle ne   aussi ? Toujours généreux et  Kabylie reconverti en aide-  diennes ? Faisant demi-tour,  ser au responsable de l’éta-
            soupçonne pas le « milieu ».  spontané, le Dr Ben Smaïn   coiffeur depuis de longs mois  les gendarmes reviennent à  blissement, sachant que la
            Nous aviserons en fonction   nous dit : «Je vais aller le jeter  fut tout surpris et heureux de  leur  hauteur et demandent : «  plupart des bains maures sont
            de ses réactions.            dehors ». Avec sa carrure de  pouvoir  parler berbère avec  Vos papiers ! » Alors Wlid El  tenus par des gens originaires
            La relance du plan d’attaque  poids lourd, ça ne traînerait  les Riffains…             caïd sort son « 9 » autrichien  d’Aït-Djenad,  en  Kabylie,
            de la poste pour la seconde  pas. Il a payé ses études de  Et , le samedi, avant-veille du  et riposte, avec ce flegme un  presque tous militants du
            fois, donc pour le premier   médecine à Marseille en tra-  nouveau jour J, nous  nous re-  peu comique qui n’est qu’à lui  parti. Nous le récupérons,
            lundi du mois suivant.       vaillant comme docker. Mais  trouvons tous (au ) faubourg  : « ou li mène ! » (Haut les  donc, sain et sauf.
            Ayant constaté qu’elle ne réa-  nous n’acceptons pas sa solu-  Victor- Hugo. Il y a cependant  mains !)- « Ne tirez pas, ne
            git pas comme nous le redou-  tion. Le mieux est que je dis-  un changement : Fellouh le  tirez pas ! » crie l’homme. Le «           (A suivre)
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