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6 REGIONS
Mardi 16 Avril 2019
Sidi Bel-Abbès
19 ressortissants étrangers, FORMATION SUR L’UTILISATION DU SYSTÈME
en majorité européens, se sont
convertis à l’Islam INFORMATIQUE INTÉGRÉ POUR LES EMPLOYÉS
La direction des Affaires religieuses
et des Wakfs de Sidi Bel-Abbès a re-
censé pas moins de 19 ressortis- COMMUNAUX CHARGÉS DES RESSOURCES HUMAINES
sants étrangers qui ont embrassé
l’Islam, dont 17 enregistrés en 2018
Des dizaine d’employés communaux et des services de la wilaya, chargés de la gestion des ressources hu‐
et deux personnes recensées depuis
maines, au niveau des 52 communes de la wilaya de Sidi Bel‐Abbès, sont en stage appliqué jusqu’à la fin du
le début de l’année en cours. La plu-
mois en cours au niveau du siège de la wilaya.
part d’entre eux sont d’origine euro-
Abderrahmane. G
péenne, particulièrement française,
a-t-on appris. Selon le chargé du es concernés vont être for-
bureau de conversion à l’Islam rele- més sur l’utilisation du sys-
vant de ladite direction, 10 ressortis- Ltème informatique intégré
sants étrangers dans la majorité pour la gestion des ressources
étaient de confession chrétienne se humaines, dans le secteur du mi-
sont convertis à l’Islam durant le nistère de l’Intérieur et des Col-
premier semestre de l’année écou- lectivités locales. Une mesure qui
lée, dont la plupart sont des Fran- a pour but de résorber la bureau-
çais en sus d’Allemands, Ukrainiens cratie et limiter le temps
et Polonais. Le deuxième trimestre d’échange des documents admi-
2018 a connu la délivrance de certi- nistratifs et des courriers, et per-
ficats de conversion au profit de 7 mettre l’utilisation de la base des
autres ressortissants, dont des Fran- données en temps réel entre les
çais, un Portugais et un Britannique. différentes administrations lo-
Par ailleurs, 2 étrangers ont em- cales et la direction de la fonction
brassé l’Islam depuis le début 2019. publique.
A savoir que les concernés sont Cette initiative entre dans le cadre
venus au pays dans le cadre de par- du projet de la tutelle pour la nu-
tenariats de travail et ont été sensi- mérisation des administrations maximum, a-t-on appris d’un for- cusé à lancer ce projet attelé au des bases de données qui, autre-
bilisés par les rituels religieux des locales. Les employés du secteur mateur spécialisé dans les sys- programme du gouvernement fois, se faisaient uniquement par
musulmans dans leur quotidien. Le pour la gestion des ressources tèmes informatiques. La méthode numérique, ont décidé enfin d’en- déplacement des employés entre
premier pas qu’ils ont entamé était humaines auront l’opportunité de de formation se fait par confé- trer dans le 21ème siècle et de les communes et le siège de la
d’entreprendre des recherches ap- concevoir les nouvelles méthodes rence avec utilisation de data- bannir les méthodes désuètes wilaya. D’autre part, cette nou-
profondies sur l’Islam, ceci avec technologiques et le fonctionne- show, et se base sur l’interactivité dans le fonctionnement adminis- velle méthode va consolider les
l’aide de leurs collègues musulmans. ment de ce système, usité dans des professionnels formateurs tratif et la gestion des ressources perspectives du suivi de loin et de
Ils ont alors compris le vrai sens et les services publics des pays dé- avec les employés. humaines. la transparence de recrutement,
la consécration de cette religion et veloppés. A cet effet, les stagiaires La durée de formation de chaque Ce système informatique, selon et l’intégrité des décisions qui
ont décidé d’embrasser l’Islam avec sont répartis sur des groupes, groupe s’étale sur deux jours, af- les professionnels, est innovateur touchent la gestion des res-
un profond consentement . dont chacun comprend les ges- firme l’interlocuteur. Les hauts et permettra un nouveau souffle sources humaines ainsi que leur
tionnaires de quatre daïras au responsables, malgré le retard ac- en ce qui concerne les échanges exécution en temps réel.
Abderrahmane. G
Tindouf
El Hassaniya ou « klâmhassân » le parler des tribus maures
Langues et patois en Algérie gravitent autour évoluent dans un territoire de nomadisme pour communiquer entre eux. Ce parler est d’hier à aujourd’hui, tout en gardant sa structure
de la darija, un dialecte qui cristallise l’évolu- très vaste, au-delà des frontières des Etats devenu « langue du commerce et des phonétique ne cesse d’assimiler les patois et
tion du plurilinguisme de ce pays si éclec- actuels, « un territoire sans maître parcouru échanges ». langues avec lesquels elle est en contact tels
tique. Du Maghreb au Sahel, la linguasphère ou habité par des groupes ethniques variés Au Grand Maghreb, l’arabe classique de- que le zenaga (langue berbère de Mauritanie),
démontre que «les frontières politiques des et mobiles, berbères, soudanais, peuls ou meure la langue officielle, l’apanage des éru- ainsi que le wolof soninké. Voici quelques exem-
États ne coïncident pas toujours avec les fron- bédouins arabes ». Leurs relations étaient dits et des agents religieux. Cela vient du fait ples des apports des autres langues se trouvant
tières linguistiques». régies par un jeu d’alliances, sur un terri- de la légitimité théologique de cette langue, dans l’univers des griots maures, une caste de
Ainsi, Tindouf en est un éloquent exemple. Si- toire qui englobe de nos jours l’ex-Sahara par ailleurs hautement politisée. Langue de la musiciens dont le langage est fortement impré-
tuée à l’extrême sud-ouest algérien, et à 1 460 espagnol (République Arabe Sahraouie Dé- sacralité, elle jouit d’un statut immuable, ce- gné du berbère sahraoui : iggîu : griot, tidînît :
km au sud-ouest de la capitale Alger, mocratique) et la Mauritanie ainsi qu’une pendant elle n’a pu être assimilée à une luth, ardîn : harpe.
cette oasis est « un nerf à vif à l’articulation partie de l’Algérie, du Mali et du Maroc. La langue maternelle vernaculaire usitée dans le A l’instar de la darja algérienne, l’apport du fran-
de l’Algérie, du Maroc, de l’ex-Sahara espa- tradition orale rattache l’apparition de ce quotidien des populations locales. El hassa- çais dans la hassaniya des maures de
gnol et de la Mauritanie», souligne Vergniot dialecte à l’arrivée des Banou Hassan au Sa- nya étant la plus proche phonétiquement Tindouf ainsi que l’espagnol avec l’arrivée des
Olivier. Elle demeure un axe caravanier, mar- hara Occidental et en Mauritanie. (que les autres dialectes) de l’arabe classique, réfugiés du Sahara Occidental accentue ce phé-
qué par un bain linguistique très riche forte- Les Banou Hassan constituent une tribu elle dispose d’un statut privilégié dans les nomène de brassage sociolinguistique. Ce phé-
ment imprégné des influences de la arabe nomade qui prend part à la «ta- zones où elle est utilisée. nomène nous permet d’aborder le fait
Mauritanie et du Sahara Occidental, avec qui ghriba » (ruée vers l’ouest), et qui s’est tra- linguistique comme étant un patrimoine verna-
El Hassaniya de nos jours
nous partageons le dialecte arabe des tribus duite par des razzias et conquêtes des culaire immatériel en mouvance, qui véhicule
maures arabisées, «El Hassaniya». Banou Hillal au XIVe siècle. Ce qui a eu pour A propos des spécificités du hassaniya chez la une Histoire à préserver ; ce qui devrai être au
conséquence des mutations sociales très tribu maure des Reguibets l’Gouacem, le cher- cœur des préoccupations et la responsabilité
El Hassaniya, origine et mutation radicales. Tant qu’ils réussissent à assimiler cheur et journaliste Attilio Gaudio observe les des agents culturels.
Ce parler, issu des langues chamito-sémi- les tribus maures des Sanhadja et à impo- faits suivants: « Les particularités les plus sail- Par ailleurs, «l’Atlas des langues en danger
tiques, dont la structure phonétique est très ser leur dialecte, il en résulte « l’amalgame lantes appartiennent au domaine de la phoné- dans le monde» de l’Unesco pointe l’index sur
proche de l’arabe classique, est pratiqué en des Hassan et des Sanhaja » et une hiérar- tique ; c’est en différenciant particulièrement le treize langues en péril en Algérie, citons le
Algérie par la tribu maure des Tajakant, fon- chisation de la structure sociale. son de la lettre kaf — qui fait [gaf] et celui de korendjé de Tabelbala, le tagargrant, le ama-
datrice de la ville de Tindouf en 1852, ainsi «El Hassaniya » constitue un élément fédéra- la ta qui le rend emphatique ». Cependant, il est zigh de Ouargla. Le snoussi (tasnusit), dans
que par la tribu des reguibets l’Gouacem teur qui incarne le symbole de l’unicité cultu- aussi à noter que les langues vivantes sont par les montagnes de Beni Snous (les amazigh de
qui s’y installent en 1896. Ces deux tribus relle de nos jours. Les tribus guerrières, essence vouées à l’évolution. Au gré des inter- l’Oranie), et le zenatiya de l’Ouarsenis dans
rivales connues pour leur passé glorieux maraboutiques, ou encore vassales l’usent actions et brassages culturels, el hassaniya l’actuelle wilaya de Tissemsilt.