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Mes choix culinaires en terre étrangère



            Par André Fouad                           Dix ans après que j'ai immigré aux U.S.A en particulier dans le sud
                                                      de la Floride, je n 'aurais jamais imaginé mon attachement
                                                      viscéral avec l'alma mater à travers sa musique, sa danse, sa

                                                      littératureet surtout sa gastronomie qui se révèle de plus en plus
                                                      originale, délicieuse par rapport aux autres ethnies de la Caraïbe.

                                                      En fait, je n'aime pas trop cuisiner, faute de temps, parfois la

                                                      paresse qui m'envahit et m'habite me pèse beaucoup. Toujours
                                                      est-il, je reste accrocher à tout ce qui est natif-natal, indigène,

                                                      créole, haïtien, authentique, couleur locale et l’art culinaire.

                                                      Il est vrai que la cuisine hispanique me fascine et se rapproche

                                                      de celle de chez nous. Je dois l'avouer haut et fort, je suis addicte
                                                      aux restos Made in Haïti qui pullulent ici et là dans les comtes de
                                                      MiamiDade, de Broward et de Palm Beach.


                                                      Ces restos qui portent le nom de certains saints liés à l'église
                                                      catholique attirent au quotidien des centaines de nos
                                                      compatriotes en quête de breakfast, de dîner et de souper. Pour

                                                      le dîner, mes préférences sont diverses, j’adore le riz djondjon en
                                                      passant par le maïs moulu avec des écrevisses jusqu'aux akras,

                                                      une sorte de yucca à la fois croustillante et croquante

                                                      Coté breakfast, je peux dire que j'affectionne le café noir rébo,

                                                      l'ak 100, une bouillie sucrée à base de moule de maïs avec ou
                                                      sans lait. Ça me rappelle mes vacances à Kenscoff, la ville qui a
                                                      donné naissance à mon feu père Gaston André.

    C'est un vrai régal de le savourer en toute modération à l'ombre des palmiers, à l'ombre des amandiers. Un tonus, un

    stimulant qui me revigoreface aux assauts de la nuit pourparodier le poète Roussan Camille. L'odeur du maïs, tout un
    univers à découvrir peu à peu. Mais mon plat de prédilection reste et demeure la soupe au giraumont. J'adore ce plat
    arc -en -ciel. Il a un cachettout à fait spécial. Il fourmille d'éléments hétéroclites comme la viande de bœuf, la pomme

    de terre, de la banane, de l'igname. Melting pot, tyaka, medley, mixture tout cela vous met de l'eau à la bouche dès la
    première cuillerée.Une première, une deuxième....ça ne suffit pas....ça m'incite ...ça me colle a la peau comme le soleil

    luisant du midi et réveille en moi mes cinq sens...Mon corps est en pleine ébullition. En la consommant deux fois par
    semaine surtout en terre étrangère, loin de mon pays chéri; elle me fait penser à mes braves aïeux, à mes racines
    afro-caribéennes et amérindiennes. Elle me fait penser aux loas, aux 121 nations qui peuplent l'univers de la mythologie

    vaudou. Je me sens libre…ça me réfère à l'indépendance de mon pays le 1er janvier. Je me sens Haïtien fils d'anciens
    esclaves qui ont brisé les chaînes de l'oppression, de l'ignominie et de la servitude.Et en savourant le pain-patate

    comme désert, je remonte le temps, je songe aux troubadours de la villeet à cette mer bleue turquoise qui me procure
    tant de frissons éternels. Quels délices. Seul ou entr'amis à l'écoute de la brise de la mer, du vent ou sous le regard
    d'un clair de lune d'été, ma relation avecla gastronomie haïtienne est à la fois d'ordre intimiste, spirituel et patriotique.




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