Page 39 - Black Beautés Magazine
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Alek Wek : Le mannequin qui a dit non aux
perruques imposées
Alek Wek, mannequin sud-soudanaise, a refusé pendant
des années les perruques imposées en shooting. Elle
déclarait à The Cut : « Chaque fois que je portais mes
cheveux courts, crépus, c’était comme si je disais :
regardez-moi, je ne suis pas votre norme. »
La beauté qui a inversé le miroir du monde
Quand Alek Wek apparaît pour la première fois sur la
scène internationale en 1995, signée par Ford Models,
elle ne correspond à aucun standard de l'époque : peau
ébène, crâne rasé, silhouette longiligne et une présence
qui ne s’excuse pas. Et c’est précisément cela qui va
bouleverser l’industrie.
Née en 1977 dans le sud du Soudan, Alek fuit la guerre
civile à 14 ans pour rejoindre Londres. Elle y est repérée
dans un marché par un agent. Trois ans plus tard, elle
devient la première mannequin noire d’origine sud-
soudanaise à faire la couverture du prestigieux Elle US
(1997). Un moment d'histoire : jamais une femme au teint
aussi foncé n'avait occupé cet espace.
« Je ressemblais aux femmes de mon village, et soudain
on me disait que j’étais trop noire. Trop africaine. J’ai
décidé de ne jamais m’éclaircir la peau », déclarait-elle
dans une interview à The Guardian en 2016.
Son impact est immense. Naomi Campbell elle-même
dira qu’Alek a « ouvert une porte que beaucoup croyaient
scellée ». La pop star Lupita Nyong’o cite aussi Alek
comme une inspiration dans son discours aux Essence
Awards 2014.
« Quand je la voyais dans les magazines, je voyais une
beauté qui me ressemblait. Elle m’a donné la permission
de croire que je pouvais être belle. »
Mais Alek Wek ne se contente pas de défiler pour Jean-
Paul Gaultier, Chanel ou Issey Miyake. Elle devient
ambassadrice de l’UNHCR, milite pour les réfugiés, publie
une autobiographie (Alek : From Sudanese Refugee to
International Supermodel, 2007), et incarne une beauté
alignée sur la dignité, pas la conformité.
Aujourd’hui encore, Alek reste un visage iconique de
l’anti-standard. Pas dans le rejet de la mode, mais dans sa
réinvention depuis l’intérieur. Elle défile, elle parle, elle
crée, avec toujours la même ligne : ne rien gommer de ses
origines, ne rien lisser de son histoire.
Photo : dazed.me