Page 39 - Black Beautés Magazine - Juin

apy est une jeune violoniste réunionnaise qui n’a pas peur de bouleverser les codes
avec cet instrument qu’elle pratique depuis son jeune âge. Elle a grandi à Paris et
a été bercée par la culture Hip-Hop, RnB, Soul, en passant par le Reggae et le
M Rock. Elle entre au Conservatoire à l’âge de 6 ans, où ses professeurs lui détectent
l’oreille absolue. Véritable violoniste performeuse, Mapy parcourt le monde pour déverser des

notes les plus modernes et a ainsi accompli le rêve de sa vie : voyager et vivre de sa musique.
Mais est-ce toujours facile et comment son image de violoniste est-elle perçue ? A travers cette
interview, Mapy revient sur sa carrière de violoniste et se confie sur les différents aspects de
ce métier en tant que femme noire.

Black Beautés : Qui est Mapy ? sont des instruments polyphoniques qui avaient

Mapy : Je suis une violoniste hip-hop, afrobeats, selon moi une image plus « cool ». Mais mon
reggae, originaire de l’Île de La Réunion. J’ai professeur de solfège a recommandé à ma mère
grandi dans une cité de banlieue parisienne, en de m’inscrire aux cours de violon, expliquant que
Seine-Saint-Denis, avec mes quatre sœurs et ma j’avais ce qu’on appelle « l’oreille absolue », atout
mère qui était femme de ménage. Nous n’avions requis pour jouer de cet instrument. Je me suis
pas grand-chose et ma mère a dû faire beaucoup donc retrouvée en cours de violon et au début,

de sacrifices pour m’inscrire au Conservatoire afin cela n’avait rien de passionnant. Je devais travailler
que j’apprenne à jouer d’un instrument. C’était très mon instrument quotidiennement, parfois plusieurs
important pour elle qui n’a jamais eu l’opportunité heures par jour et je trouvais cela injuste car les
d’aller à l’école ou même d’apprendre un instru- autres enfants de mon âge n’avaient pas à faire
ment. Depuis toute petite, je rêvais de devenir cela et passaient leur temps libre à jouer. Au bout
violoniste hip-hop. Après avoir reçu un enseigne- de quatre ans, j’ai découvert que j’étais capable
ment classique au Conservatoire, j’ai obtenu mon de jouer mes chansons préférées au violon, juste
diplôme, puis décidé de poursuivre mes rêves. à l’oreille. Ce jour-là j’écoutais la chanson « Juicy
» de Notorious BIG et j’ai

B.B : Comment est née « Nous n’avions pas grand- réussi à reproduire la mé-
cette passion pour la chose et ma mère a dû faire lodie au violon du premier
musique et pourquoi le beaucoup de sacrifices pour coup. C’est à ce moment
violon ? m’inscrire au Conservatoire » précis que mon histoire

Mapy : Ma mère a tou- d’amour avec le violon a
jours été passionnée de réellement débuté.
musique. Elle jouait ses albums favoris à la mai-
son. Nous écoutions Miles Davis, Nina Simone B.B : Comment définiriez-vous votre style et votre
ou Bob Marley, mais encore du maloya qui est image de violoniste ?
une musique traditionnelle réunionnaise. J’ai donc Mapy : Je ne sais comment définir mon style, si
tout naturellement souhaité apprendre à jouer de ce n’est que je suis 100% moi-même. Lorsque
la musique. A l’âge de 6 ans, j’ai commencé les j’étais au Conservatoire, nous devions nous
cours de solfège au Conservatoire de Musique, habiller d’une certaine façon pour les concerts

puis j’ai dû choisir un instrument. Je voulais ap- et bien que j’obéissais aux règles, je n’ai jamais
prendre à jouer du piano ou de la guitare, car ce réellement accepté ce concept. Je ne voyais pas