Page 8 - Mes années soixante PDF
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village, gorgée de poules d’eau, et, le soir, forcément
hantée, dans notre imaginaire, par de mauvais esprits,
tantôt une simple partie de petits chevaux aux
couleurs du Tour de France…
Mais il nous arrivait aussi de nous scinder en deux
bandes, de nous pourchasser pour capturer une proie,
souvent le plus jeune, moins rapide, et de lui infliger
le supplice du bain d’orties, très vivifiant, de
chevaucher les cabanes à lapins, tel zorro, au risque
de passer la jambe entière entre les tôles ondulées
coupantes des toits, accident personnel qui me blessa
à sang , ou de pratiquer des jeux beaucoup plus
calmes, mais beaucoup moins sages, avec les filles et
des feuilles de chêne, je n'en dirai pas plus...
Les moissons animaient tous les
étés et j’en garde un souvenir
chaleureux. Le village au complet
s’activait autour de la batterie pour
charger à la fourche, d'un côté, les gerbiers de paille
qu'on déliait pour la verser en vrac dans la gueule
grande ouverte de la machine, et de l’autre côté, en