Page 303 - Constant, Alphonse-Louis (1810-1875). Dogme et rituel de la haute magie (Nouv. éd.) par Eliphas Lévy. 1930.
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DOGME DE LA HAUTE MAGIE.
ment le plus ardent désir à la plus forte volonté.
Les maladies morales sont plus contagieuses que
les maladies physiques, et il y a tels succès d'en-
goûment et de mode qu'on pourrait comparer à la
lèpre ou au choléra.
On meurt d'une mauvaise connaissance comme
d'un contact contagieux, et l'horrible maladie qui,
depuis quelques siècles seulement, en Europe,
punit la profanation des mystères de l'amour, est
une révélation des lois analogiques de la nature, et
ne présente encore qu'une image affaiblie des cor-
ruptions morales qui résultent tous les jours d'une
sympathie équivoque.
On parle d'un homme jaloux et lâche qui, pour
se venger d'un rival, s'infecta lui-même volontai-
rement d'un mal incurable, et en fit à la fois le
fléaucommun et l'anatbème d'un lit partagé. Cette
horrible histoire est celle de tout magicien ou
plutôt de tout sorcier qui pratique les envoûte-
ments. Il s'empoisonne pour empoisonner, il se
damne pour torturer, il aspire l'enfer pour le
respirer, il se blesse à mort pour faire mourir
mais, s'il en a le triste courage, il est positif et
certain qu'il empoisonnera et qu'il tuera par la
projection seule de sa perverse volonté.