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Christine Adamo - Copyright NMS51GC
elle leur apprend comment on peut expliquer l'univers avec des x et
des y.
Au départ, moi, je croyais que les mathématiques, c'était un
mot savant pour le calcul. Mais en calcul, on ajoute 1 plus 2. En
mathématiques, on sort des lettres de leur trou, on construit des
remarquables-identités et des exponentiels. Et tous ces mots, je les
ai notés, sinon je m'en serais jamais rappelé. Vu que ça me rase.
Maman voudrait bien que j'apprenne tout ça aussi. Mais
moi, j’ai pas envie. Les mots qu'on ajoute, ça m’amuse pas. Je
préfère les mots qu'on lit. Maman dit ça-ne-sert-à-rien, tu-
deviendras-un-bavard-inutile-comme-ton-père. N’empêche que
moi, papa, je le trouve méga-plus marrant qu'elle.
Rien qu'à la regarder maman, je m'ennuie. Elle est tellement
grande et tellement maigre. Ses cheveux sont noirs et courts et
raides comme le poil d'un ours. Mais sa figure est beaucoup moins
gentille vu qu’un ours, ça peut manger des hommes, mais ça
console aussi les enfants qui ont des peluches. Sauf moi vu que j’ai
pas le droit parce-qu’on-ne-sait-jamais, tu-pourrais-faire-une-
allergie. Maman a aussi un grand nez au-dessus d'une petite bouche
toute aplatie. Dans mes livres, surtout Croc-Blanc ou Halic-le-
Phoque, il y a pas masses de femmes. Mais quand il y en a quand
même, elles ont des petits nez mignons sans moustache en-dessous.
Sauf la directrice de l’école de Matilda. Mais elle, c’est
l’exception-qui-confirme-la-règle. Dans mes livres, les femmes ont
aussi des lèvres rondes et roses, pareilles que les coquillages que je
ramassais l'été pendant les vacances. Quand je savais pas encore
que papa aimerait plus maman un jour.
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