Page 9 - Bulletin, Vol.78 No.3, October 2019
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Le sommet du 23 n’est pas une nouvelle session de négociation. Il ne s'agit pas de se
substituer aux COP qui se tiennent chaque année et dont la prochaine se déroulera au
Chili du 2 au 13 décembre. Le but est de mettre un nouveau coup d’accélération à
l’action, via "des signaux politiques et commerciaux puissants" adressés aux chefs
d’État ainsi qu’aux acteurs économiques et financiers. Pour Laurence Tubiana,
dirigeante de la European Climate foundation, il s’agit ni plus ni moins que de "faire de
l’Accord de Paris une réalité".
Le message adressé par Antonio Guterres est donc on ne peut plus clair : "Je veux
qu’on me dise comment nous allons mettre fin à l’augmentation des émissions d’ici
2020, et réduire les émissions de façon drastique pour atteindre la valeur nette de zéro
émission d'ici le milieu du siècle." 60 dirigeants sont attendus à New York, à New York.
Certains comme la France et le Royaume Uni ont déjà inscrit la neutralité carbone dans
des lois. D'autres ont annoncé des ambitions plus élevées comme l'Inde ou la Chine,
pour laquelle on attend des engagements sur les nouvelles routes de la soie. D'autres
pourraient le faire plus tard, comme l’Union européenne quand la nouvelle Commission
prendra ses fonctions (en novembre).
Des efforts à faire indispensables
Le niveau d’efforts nécessaires est la transformation "rapide et profonde" de "notre
façon de faire des affaires, de produire de l'électricité, de construire des villes et de
nourrir la planète", a insisté Antonio Guterres. Pour cela, les États sont notamment
appelés à supprimer progressivement les subventions aux énergies fossiles, à taxer le
carbone ou à refuser de financer les centrales à charbon après 2020. Un récent rapport
de l'Institut international du développement durable (IIDD) montre que la réaffectation
de 10 à 30 % des subventions des énergies fossiles - 5 200 milliards de dollars en 2017
- pourrait financer la transition vers une réduction des émissions carbone. Quant à la
taxation des combustibles polluants, elle est "trop faible", pour peser efficacement sur le
changement climatique, avertit l'OCDE.
Les entreprises, elles, devraient annoncer de nouveaux engagements et solutions
(technologies bas carbone, plantation d’arbres, réduction de consommation
énergétique, etc.) pour s’aligner sur une trajectoire 1,5°C. Le 22 septembre, à l'initiative
de We Mean Business, du Global Compact et des Science-Based Targets, 87 grandes
sociétés ont ainsi annoncé leur engagement. On y trouve Danone, Schneider Electric,
Suez, Saint Gobain, Nestlé, Unilever...
L’industrie lourde, fortement émettrice - comme l'acier, responsable de 7 % des
émissions mondiales de CO2-, est aussi attendue au tournant. Une plateforme sera
ouverte pour les entreprises s'engageant à produire sans fossiles. Et une initiative
conjointe de la Suède et de l'Inde va être lancée autour de l'industrie bas carbone. De
son côté, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, expliquera aux
délégués comment éviter une crise financière due au climat, une hypothèse qui est
sérieusement envisagée par de nombreux experts.
Une géopolitique défavorable
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