Page 45 - AFJET Carnet de Voyage N°24
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 dS’histoire dans une banale église de village
Sous-Parsat : Un trésor d’art sacré caché
 Caroline Rocca
’il est un lieu discret qui témoigne que l’art sacré se renouvelle et s’exprime pleinement là où on ne l’attendait pas, c’est bien l’église dédiée à Saint-Thomas de Canterbury située à Sous-Parsat. On doit la surprise à un artiste, Gabriel Chabrat, qui a consacré plusieurs années à réaliser les peintures murales qui ornent
l’intérieur sur 300m2. Dans le contexte désenchanté de l’art contemporain, il a su inventer ses formes propres pour représenter l’invisible en choisissant des scènes puissantes et universelles de l’Ancien et du Nouveau Testament.
La petite église a une histoire qui remonte à 1282, date à laquelle elle appartient à l’ordre des Templiers à « Sosparssat », rattaché au diocèse de Limoges. Elle passera ensuite (comme la plupart après la chute du Temple) à Saint-Jean-de-Jérusalem que l’on appelle « ordre de Malte ». Elle brûlera lors de la Révolution française et sera rebâtie au xixe siècle dans un style passe-partout cher aux travaux de reconstruction du Second Empire.
C’est pourquoi, hormis les amoureux de toutes les églises de France – ou ceux qui remarquent les deux stèles gallo- romaines à l’entrée – le visiteur distrait passerait bien son chemin devant cette construction néo-romane qu’il a déjà vue maintes fois dans nos campagnes.
Avant l’intervention de l’artiste, l’église, peu fréquentée, n’est pas classée ; c’est une chance pour qu’il obtienne facilement l’autorisation d’investir les lieux en 1986 afin de les parer de ses fresques flamboyantes. Sans aucune rétribution financière, il se met au travail durant les trois ans qui seront nécessaires pour concevoir les fresques et les dessins des vitraux.
Des scènes choisies
pour leur universalité
L’édifice est dédié au saint et martyr de l’Église catholique, Thomas Becket dit « Saint-Thomas de Canterbury », archevêque dans l’Angleterre du XIIe siècle.
On le retrouve d’ailleurs dans quelques églises du Limousin et de la Marche, car sa famille, française, était originaire de Normandie.
Dès l’entrée, le visiteur se laisse surprendre par l’éclat des couleurs qui s’expriment sur tous les murs, elles-mêmes rehaussées par les taches de lumière que produisent les vitraux.
Une expérience visuelle
qui fait écho
à tous, au-delà du fait religieux
Très vite,le regard se porte sur quelques figures bibliques qui, malgré leurs silhouettes déformées ou stylisées, appellent à l’observation détaillée. On peut rester longtemps dans ce petit espace, sous le charme des courbes colorées et de la profusion des détails qui envahissent tout l’espace et qui nous rappellent les commandes officielles que l’on rencontre plutôt dans les sanctuaires majeurs, tels que les cathédrales ou les basiliques.
Le phénomène est assez récent car, avant le XXe siècle, seuls les ecclésiastiques de haut rang ou les plus riches pouvaient financer des décors de cette envergure.
C’est Marc Chagall ou encore Henri Matisse ou Maurice Denis qui ont commencé à investir des lieux plus intimes et à adopter l’art contemporain en s’éloignant de l’académisme religieux et des Vierges rose bonbon.
afjet - Carnet de Voyage n°24 - Printemps 2024 association française des journalistes et écrivains de tourisme
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