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PORTRAIT
FÉVRIER 2016 7 MAG
LE SECRET DE FAMILLE DES GELOSO
INNOVER POUR MIEUX GRANDIR
Antoine Geloso, co-président du Groupe Geloso, une entreprise établie à Laval depuis 50 ans
À
l’épicerie ou au dépan- neur du coin, jetez un coup d’œil sur les tablettes. Ces bouteilles défilent sous vos yeux.
Les vins Apollo, la bière Mons, le cidre Beaupré, la Sangria Pepito, les cocktails Boris et Lolita et les coolers Casal Domingo sont tous fabriqués au Québec par le Groupe Geloso.
Annie Bourque
Journaliste
En 50 ans, l’entreprise lavalloise est devenue un joueur majeur dans l’industrie des boissons alcoolisées. Ses 150 produits figurent dans 6 000 points de vente au Québec. Les bouteilles au look attrayant se retrouvent dans les Maritimes, en Ontario, dans l’Ouest canadien et dans 20 États du pays de l’oncle Sam.
Quel est le secret de leur réussite alors que la 3e génération s’apprête à prendre la relève ? Voici les confidences d’Antoine et Aldo Geloso, livrées lors d’une rarissime entrevue. Ils sont les fils du fondateur Vincenzo, un homme profondément déter- miné qui a osé prendre des risques.
Dans les années 50, ce cadet d’une famille de 16 enfants vit sur une ferme en Italie. En 1957, Vincenzo décide d’immigrer au Canada en compagnie de sa femme, Vincenza, et de ses deux fils, Nicolangelo et Antoine. « Mon père voulait améliorer le sort de sa famille. En arrivant ici, il occupait trois emplois », raconte Aldo, né au Québec en 1960.
À l’époque, l’homme est vendeur d'assu- rances, réparateur de machines à coudre et vendeur d'eau javellisée. Il commence à importer des raisins d’Italie pour la communauté italienne qui fabrique son propre vin. Peu à peu, il importe du vin par pinardier d’Italie et de Californie qu’il embouteillera ici même. En 1965, il reçoit le premier permis de fabricant de vin portant le numéro 001, à même le sous- sol de la résidence familiale.
Avec ses trois fils qu’on surnommait « Les Trois Mousquetaires », Vincenzo amorce le grand rêve de sa vie. À l’époque, la bière coule à flots dans les chaumières et tavernes du Québec.
Peu à peu, les habitudes changent et les Québécois adopteront le vin La Romaine, conçu ici à Laval dans des installations de 40 000 pieds carrés. En 1973, l’usine fabrique déjà 350 000 caisses de vin. Vincenzo Geloso devient ainsi le premier joueur indépendant dans le domaine.
Un monde en changement
Au fil des ans, l’entreprise flaire de nou- veaux besoins chez les consommateurs. Le département de recherche et développe- ment innove dans la fabrication de nou- veaux produits qui plaisent à la clientèle, comme la Sangria Pepito.
On investit aussi dans le cidre, des bières de renom et des coolers qui ont la cote auprès de la nouvelle génération. « Face à la compétition, nous sommes capables de se réinventer », explique Aldo, le manitou en charge des ventes, marketing et distribution.
Son frère Antoine super- vise tout le volet des opérations, de la recher- che et développement. Il abonde dans le même sens : « Le mon- de change vite. Si une situation est stagnante, il faut être capable de voir le changement comme une opportu- nité et non comme un problème. »
Face à l’adversité ou
à un problème précis,
les Geloso regardent
les nouvelles perspec-
tives en face. « On
tente de trouver les
avantages à la situa-
tion et non le con-
traire. Puis, on se fait
un plan et on agit en conséquence », précise ce dernier.
Le grand risque
Le 9 septembre 2001, les frères Geloso et des membres de leur équipe tentent de réaliser une première percée sur place aux États-Unis. « Deux jours plus tard, toutes les règles ont changé et nos investissements ont été bloqués. On ne pouvait plus rien faire », se rappelle Aldo.
Son frère Antoine renchérit : « On s’est battu, mais, surtout, on a toujours cru qu’on allait réussir. Le plus important, c’est de croire en nos employés qui ont la même passion que nous. »
Antoine Geloso, co-président du Groupe Geloso estime qu’il faut voir le changement comme une opportunité.
Lors de la visite de l’usine, la vue sur les immenses cylindres en acier inoxydable est impressionnante. Sur le plancher, on sent l’énergie des membres de l’équipe. Dans le département de la recherche et développement, Éric Schulz évoque des tendances de parfums et de saveurs. « Quand je cuisine chez moi, je songe souvent à des mélanges qui pourraient faire de bons cocktails. », confie-t-il.
Après plusieurs années, les Geloso ont aussi trouvé la bonne recette pour percer aux États-Unis. « Comment mange-t-on un éléphant ? Un morceau à la fois. Comment s’attaque-t-on aux États-Unis ? Un État à la fois ! », martèle Aldo.
Aujourd’hui, l’entreprise vend ses pro- duits dans plus de 20 États représentant 52 % de son chiffre d’affaires. « La beauté de cela ? Tout est produit au Québec et l’on crée des emplois à Laval et au Québec », ajoute-t-il, avec une pointe de fierté dans la voix.
« Il ne faut jamais être tenté par ce qui semble
facile car le travail est la représentation concrète
de l’étoffe de ce dont nos rêves sont faits. »
- Vincenzo Geloso, fondateur du Groupe Geloso
Photo © Pascal Huot