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Tu me fais tourner la tete


                        L'Amour a travers les siecles




                                                      La  passion  amoureuse

                              Daphnis  et  Chloe,  Tristan  et  lseult,  Paul  et  Virginie ...  la  litterature  est  peuplee  de  couples  mythiques
                            qui  incarnent la force  de  !'amour. Mais  de  Ronsard a Racine, ou  de  Laclos a Lamartine,  la  peinture de  la
                            passion  amoureuse  n'a ni  la  meme forme  ni  le  meme  sens.
                              Une  premiere  tendance  consiste a faire  de  la femme  aimee  un  etre  idealise.
              \~              Cette tradition  se  developpe  principalement a travers  la  litterature courtoise du  XII°  siecle.
             t                Cette divinisation de la femme se poursuit dans la poesie precieuse de la Renaissance, et elle engendre
                                                                                                      0
                                                                                         0
              ,.)           une  rhetorique  riche  en  figures  poetiques,  que  l'on  retrouve  aussi  bien  au  XIX siecle  qu'au  XX siecle,
              0             sous  des  formes  diverses.  Les  poemes  offrent  une  vision  idealisee  de  l'amour  et  font  de  la  femme  une
              0             mediatrice entre  le  monde  et le  poete.
                              Mais ii  existe un versant plus sombre ou !'amour voisine avec la folie,  avec la souffrance. Au XVII° siecle
             (/J            c'est la peinture d'une passion destructrice qui domine a travers le theatre racinien ou  le roman psycholo-
                            gique.  Pour Phedre  comme  pour Mme de Cleves,  la passion est incompatible avec le  bonheur, elle conduit
                                                               0
                            a la depossession de soi  et a la mort. Au XVlll siecle,  des ecrivains comme l'abbe Prevost ou  Laclos sont
                            particulierement sensibles  au  conflit entre  la  morale  sociale  et  la  passion,  surtout quand  celle-ci  devient
                            un  libertinage ou  l'exercice du  pouvoir prend  le  pas sur  Jes  sentiments.
                              Qu'elle  soit divine ou  malefique,  l'aventure amoureuse  se  deroule toujours  selon  un  rituel  quasiimmu-
                            able,  dont  la  rencontre  est un  moment  privilegie.  L'hero'ine  de  Marivaux analyse  avec  une  lucidite teintee
                            d'ironie Jes  ruses  habiles d'un  creur qui  s'eveille.
                              Dans  Le  Rouge  et  le  Noir, roman  de  !'ambition  autant  que  de  !'amour,  c'est  le jeu  de  la  conquete  qui
                            domine.  Chez  Flaubert  ou  chez  Alain-Fournier enfin,  la  passion  s'impose  aux  heros dans  la fulgurance  d'un
                            reve  que  la  realite  ne  pourra jamais faire  revivre avec la meme  intensite.
                                                                                  D'apres Alain  Pages,  Joele  Pages-Pindon,
                                                                                     Les textes litteraires au !ycee,  1990.
                                            Tristan conduit /seult la Blan-_
                                          de vers son futur epo~x, le  rOI
                                          Marc.  A bard  du  navire, ~vant               .  «Eh bient M  .
                                                                                       ¢t-efe en se ieto%7st.eur, lui repon-
                                          que /es cotes de Co'.noumlle n~              /e vo,s vous /air,   o ses genoux.
                                          soient en vue, ils bo1ve~t ~n phi-           n 'a Jomois foit % un oveu que 1;
                                           ltre qui /es  unit /'un a I a~tr~,         di   lie. t  .  son man.·   0
                                                                                          ~ vro, que  ., .  ...
                                           our trois ans, d' un amour,md1s·            em ?~iuner de ;j c{ des roisons
                                           ~oluble. Mais /es noces d /seult           veux evtter /es pe, ~ . ~ur et que ie
                               et du roi seront celebrees et de I' amour /es  amants   .   que/quefois /es pe!ou se lrouvent
                                                                          mot, et oimez-rn,  . age. Conduisez-rn,  . 'fines demon
                               ne connartront que la sof !a~~~ vieil/e /egende celte   Mme de a· 0/ encore Si vous Ii   Of, oyez pifie de
                                 Racontee m11/e et une ,o,s,   ·rs du X/r et   fun de.c .,   eves croint d' .  e Pouvez»
                                       ,  ,.  · nt des manusrn           Iii   J  neurons di  h   aimer A1.  di  .
                                         5
                               s'etait deformee.,  ,n~p,ra  du  ce conte sauvage,   de:/° loit,  el/e re~d ~i~u~ d'f!enri II. ·Pa:1temours,
                                                  O
                                xur siecre,  Rene  Lor'5 a ;ede la forilt  /a force de ses   Ii   ommes et A1.  di  M  epoux /e plu.   veu qu'
                                                                                 0
                                berce par If m~r. et e ven , ·amais ete /a victime d'un   /  plus heureux.  ~ #t  erpours, coc!Je J mo;h~ureux
                                                                        un de deses.  ·  '  e e n aura oucu.
                                                                                               ons ie /Ofdin
                                origines. L ,ntrep19e /se_ult n a ( de son p/ein gre, pour se   Dons une i;: et comb/er l'outre 'fl geste pour tue;
                                                                                0
                                sortilege, el/e b_~,t I~ I'm herbeEt Tristan  «heros invincible   L
                                                                       _o foyette  li  11'/Je admirable di  ·  ..
                                donner tout ennere a am;ur. ·nw non ~r le destin mais   Jque dun m~;:~so Propre histo%:u7,n1tte, Mme de
                                 et tueur de mon~tr~s», e ~~lie ii sacrifie sa vie.   e cel/e-ci qui I' . our so lemme  , Ii  Ofl!our pofhe-
                                 par la femme a,mee a laq  fr   . moderne de  Rene Louis.   beoucoup Plus qi~~h moins qu'e.11:: eh tnce'(itudes
                                                         . LP6  n                           e e cro,t mois
                                           Version  en  anfDIS
                                                                        Le modefe du e e ne le soit.
                                              3011306n                          roman psychologique .
                                                                     _______ .,.,,..,...,,   Coae IX•,  LP 6
                                                                     9  782  6r,,  30/0J74/6
                                                                                     rnpr  sioa..s tdn  Oas
                                                                                              · &1995
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