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Son activité chirurgicale se compose surtout de neurolyse du nerf médian au
coude (procédure la plus fréquente), du nerf radial à l’avant bras, du nerf médian
au canal carpien (elle est un des seuls chirurgiens de Suède à pratiquer cette
intervention sous endoscopie) et du nerf ulnaire au coude.
Elle pratique aussi beaucoup d’arthroscopie de poignet. La moitié des ses
procédures sont réalisées sous anesthésie locale sans garrot (wide awake surgery) :
en fait, elle propose cette technique à quasiment tous les patients (c’est elle qui
injecte l’anesthésiant local) et un anesthésiste est présent si besoin, pour rajouter
un sédatif en perfusion ou inhalation.
Les patients qui ont été adressés par leur assurance privée à cet établissement,
souhaitent dans environ 30% des cas une anesthésie générale car elle est prise en
charge par leur assurance. Le Dr Hagert préfère opérer sous anesthésie locale car
après la neurolyse, elle peut vérifier immédiatement la récupération motrice :
l’opposant du pouce pour le canal carpien, l’ECU pour le nerf radial, LFP-FCP2
pour le syndrome du Lacertus Fibrosus... La technique d’anesthésie locale codifiée
par Don Lalonde a permis de valider les interventions de libérations nerveuses
que son père Carl-Göran Hagert pratiquait depuis longtemps.
Les procédures chirurgicales s’enchainent lentement par rapport à ce qu’on peut
voir en France : la journée opératoire commence à 7h30 et finit vers 13-14h après
avoir opéré 5-6 patients.
Pour le Dr Hagert, comme pour le Dr Brutus, la France est une exception dans le
monde. Le Dr Hagert passe 45 minutes à une heure avec chaque patient, les
appelle par leur prénom, leur donne son portable, leur fait une accolade (un gros
câlin en fait) pour dire bonjour et au revoir, leur caresse la cuisse pour les
réconforter, etc. !
En Suède comme dans beaucoup de pays, il y a un système libéral
déconventionné, payé par les assurances privées avec des tarifs de consultation et
chirurgie prénégociés, et un deuxième système, public, gratuit où les patients de
consultation sont vus rapidement et les délais de prise en charge sont longs (en
Suède, il faut attendre 6 mois à un an pour se faire opérer du canal carpien et
plus d’un an pour avoir une réparation ligamentaire du poignet). Le système
libéral conventionné français apparait ainsi comme un juste milieu mais
effectivement limitant si on souhaite arriver à un niveau de prise en charge
comme au Sophiahemmet. Les patients suédois qui vivent en France quelques
semaines par an, m’ont dit adorer le système de santé de notre pays.
Ce qui va changer pour moi est clairement mon examen clinique qui sera
systématique pour tous les nerfs en mesurant la force contre résistance, la
sensibilité et en faisant le scratch collapse test.
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