Page 7 - Petit carnet S
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Ça commence un soir de novembre,  il y a des jours comme ça qui passent et ne se dessinent plus, il y a des jours qui

     laissent des traces.



     Elle était là, ce matin. Je marchais dans les allées imprévisibles, je l’attendais ..

     Elle était là, en chair et en os, avant même de sentir son parfum ; à la suspension du temps, à cette ombre qui vous

     rends, vous prends, je le savais.

     Elle était seule, dans la rue à chercher son chemin, sans peu et avec tellement d’humain.



     Je la serre contre moi et fais le pitre dans ses lunettes. Une vie de jeu et de souffrance nous attire immanquablement.
     La terre nous enveloppe, immobile, elle desserre délicatement ses doigts enchevêtrés à mes chaines.

     Le désert et ses lueurs bleutés nous interpellent. Aucune matière nous galvanise mieux que cette peau qui sillonne.


     Je fonds jusqu'au sol pour rebondir, virevoltante son corps me hante. Je tremble. En un instant elle m’agrippe par la
     taille  comme une perle fêlée qui vous heurte;  et vous dévore..

     L’étendue s’enflamme, titube, s’embrouille et trébuche dans un pincement d’évidences qui ne pourront changer de

     chemin.

     Elle ris, elle ris tellement fort que je m’offusque. il n’y a pas dix milles ans pour se sentir exister.

     Comment est-ce possible… l’Extase sans gestes déplacés !

     Des mots, toujours des mots, rien que des mots, inventer jusqu’à saigner. Peu importe, je rêve..
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