Page 31 - Rebelle-Santé n° 228
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   traduit par une modification immédiate des tissus, voire un relâchement. On peut alors faire un travail intéressant : c’est comme si deux grilles de lecture se superposaient et que, d’un coup, elles s’ajustaient l’une l’autre. En tout cas, dès que ça coince, il faut libérer les zones bloquées, c’est le but de l’ostéopa- thie. Ce qui est captivant, c’est l’histoire de la per- sonne, la date des évènements, ce qu’ils ont pu don- ner comme tensions. Une tension n’apparaît jamais de manière spontanée, mais à cause d’un stress phy- sique, émotionnel ou chimique.
Y a-t-il toujours un point de départ psychologique, émotionnel ?
Non ! Une cheville tordue ou un déménagement peut suffire à faire mal, pas la peine d’aller chercher plus loin. Je ne vais pas envoyer tous mes patients en théra- pie ! En revanche, un traumatisme psychologique an- cien a pu enkyster une tension. Par exemple, un enfant malmené, la boule au ventre, pourra donner un adulte voûté. Là, le travail ostéopathique ne suffira pas : tant qu’il n’y aura pas d’accompagnement (psychologique, sophrologique...), le patient aura tendance à garder cette position « en avant », de protection. Au fil des séances, psycho et ostéo, il reprendra confiance en lui et gagnera en confort physique.
Certaines femmes viennent vous voir pour des problèmes de fertilité, quel rapport ?
Tout dépend de leur parcours. Mais il est déjà possible de dire si, « ostéopathiquement », il y a une gêne du côté des ovaires, de l’utérus... On perçoit une zone dense, ou un problème de psoas, de plancher pelvien, un blocage du petit bassin... ou encore une forte ten- sion à distance. Imaginons : si une femme a porté, ado, un appareil dentaire contraignant, ce stress den- taire, du crâne et de la gorge a pu tirer l’ensemble du corps vers le haut, bloquant divers organes digestifs, gynécologiques... Le bassin peut rester ainsi « fermé » jusqu’à l’âge adulte.
Les douleurs se manifesteront chez un sportif par des souffrances au bout de 20 km de running... ou par un problème de fertilité chez certaines femmes. Là encore, le but est de libérer les organes pour qu’ils retrouvent leurs fonctions. C’est un exemple, bien sûr, mais si bébé ne vient pas malgré des bilans « nor- maux », cela vaut le coup d’essayer de voir plus loin !
Vous avez travaillé sur l’aspect philosophique de l’ostéopathie, cela vous a t-il apporté quelque chose ?
Beaucoup. Sous la houlette de Jean-Marie Gueulette, médecin, philosophe, théologien et auteur, qui s’est penché sur les différences entre médecine et
ostéopathie. La philosophie des sciences, du corps, de la santé et de la perception, portée par les philosophes anciens comme ceux du XXe siècle, nourrit ma réflexion sur mon métier. Ce travail philosophique m’a permis de penser et de légitimer ma pratique, et de mettre des mots sur des perceptions subjectives. De là, d’accepter cette part de subjectivité sans chercher à l’éliminer ni à l'épurer au maximum pour obtenir finalement un substrat d’où il manquerait peut-être l’essentiel : l’humain. Cela ouvre, plus largement, un champ d’exploration infini. Et je recommande à tous ceci : faites de la place pour votre propre subjectivité, écoutez-vous !
Propos recueillis par Anne Dufour
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RENCONTRE
*Ces thérapeutes font partie du réseau Medoucine, réseau national de thérapeutes de médecines douces aux compétences et références vérifiées.
Le site Medoucine.com guide les internautes vers les praticiens les plus adaptés à leur demande et leur permet de prendre rendez-vous. Chaque thérapeute dispose d’une fiche détaillant son parcours, sa formation et le déroulé d’une séance.
 © Virginie de Gouberville




















































































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