Page 20 - Rebelle-Santé n° 213
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ALTERNATIVE
CULTURE
totalement abandonné, sans attente. On laisse faire son corps. Les réactions involontaires se déclenchent spontanément mais on se garde bien de les provoquer ou de les amplifier (c'est l'écueil n° 1 à éviter dans cette pratique). Au bout d'un moment, les réactions, mouvements involontaires notamment, s'arrêtent d'elles-mêmes. On s'allonge alors jusqu'à ce que le corps, de lui-même, ait envie de se relever. C'est la phase de récupération.
Régis Soavi : La durée totale de la séance est d'envi- ron une heure. Le lieu a beaucoup d'importance. Il doit être tranquille. On ne peut pas pratiquer sous le regard des autres, dans un lieu public ou de passage. Il faut un lieu calme et intime, chez soi, dans un dojo... Il faut porter des vêtements souples pour ne pas être gêné dans ses mouvements. Ce sont les conditions de base pour une détente et un lâcher-prise favorables au déclenchement de mouvements involontaires.
En quoi la pratique est-elle bénéfique ?
Denis Emonet : La pratique peut amener un profond réajustement de l'ensemble de la personne, corps et esprit liés. Cela se traduira notamment par la dispari- tion de problèmes physiques ou psychiques qui, dans certains cas, avaient résisté à tous les traitements pré- alables (même si, bien sûr, la pratique ne prétend pas tout guérir). On découvre progressivement ce qu'est une santé vraiment autonome, qui n'a besoin - sauf accident - de rien ni de personne pour se maintenir. Au niveau psychique, des "mémoires" datant parfois de la petite enfance vont remonter à la surface avant d'être évacuées. Le psychisme profond, stimulé par la pratique, les rejette comme le corps rejette une épine. La vie au quotidien peut s'en trouver complètement transformée.
La pratique répond-elle, selon vous, à un besoin de la société actuelle ?
Denis Emonet : Oui, je dirais même tout particulière- ment car notre époque est caractérisée par un besoin toujours croissant d'assistance pour arriver à mainte- nir un semblant d'équilibre physique et psychique. En témoigne la multitude de méthodes de santé et de pratiques de "développement personnel" ou de "bien- être".
Par ailleurs, la pratique du Katsugen Undo permet de se reconnecter à notre potentiel intuitif, non réflexif, ce qui constitue un réel besoin en Occident.
Enfin, en nous faisant redécouvrir peu à peu notre na- ture profonde, la pratique peut répondre à la quête de "sens" qui caractérise notre époque.
Régis Soavi : Je poserais la question de manière diffé- rente. Quels sont les besoins de la société actuelle ?
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Quels sont les besoins de l'individu ? Noyé, perdu, au milieu de toutes ces techniques qui lui sont pro- posées pour son bien-être, sa santé, il ne sait plus à quel saint se vouer. La multiplication des recettes en tout genre a fait de lui un être dépendant et apeuré, qui regarde chaque réaction de son propre corps avec suspicion, comme un problème potentiel. Pratiquer le Mouvement régénérateur, c’est avancer vers l'autono- mie, vers l'indépendance. C'est retrouver la confiance en soi, en ses propres capacités. Cela veut dire ne plus avoir besoin de s'occuper de sa santé puisque le corps retrouve petit à petit la capacité de se régénérer, une capacité qui était endormie. Ce réveil de l'organisme ne peut qu’être bénéfique car c'est un vrai réveil de la sensibilité, à l'opposé de la robotisation généralisée.
À qui s'adresse le Mouvement régénérateur ?
Denis Emonet : Le Mouvement régénérateur s'adresse à toute personne recherchant un véritable réajus- tement, en profondeur, du corps comme de l'esprit. À noter que cela ne concerne pas uniquement les personnes qui ont des "problèmes". En effet, le réé- quilibrage qu'entraîne la pratique dépasse de loin ce que l'on entend généralement par santé physique et équilibre psychique. Le corps va retrouver toutes ses capacités originelles (facultés d'adaptation, souplesse, endurance, vivacité, capacité de venir rapidement à bout des maladies bénignes avec moins de risques d'en développer de plus graves, etc.). L'esprit, quant à lui, en se libérant peu à peu des marques laissées par l'histoire personnelle, s'ouvrira à une autre perception des personnes, des situations et du monde qui nous entoure. Les réactions au quotidien s’affranchiront quelque peu de l'emprise du "je" pour laisser s'expri- mer cette force universelle qui nous dépasse (qu'on appelle force vitale, Ki, Chi, Prana, Grand Esprit ou Spiritus). La pratique s'adresse donc également à des personnes qui sont dans une démarche de recherche intérieure ou spirituelle.
Régis Soavi : Le Katsugen Undo convient à tous, jeunes, vieux, hommes, femmes, adolescents comme adultes, 2e ou 3e âge et tout particulièrement à ceux qui, ayant pris conscience de leurs difficultés, veulent en venir à bout par elles-mêmes.
Pour nous, qui sommes presque toujours dans le contrôle, il est difficile de laisser le corps libre de toute contrainte de l'esprit. Y a-t-il un enseignement propre au Katsugen Undo pour apprendre à lâcher- prise ?
Denis Emonet : En préambule aux séances, il y a quelques gestes techniques qui facilitent le lâcher- prise. Ensuite, c'est très simple car on ne cherche même pas à lâcher-prise ! On accepte que des


































































































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