Page 29 - Rebelle-Santé n° 213
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NUTRITHÉRAPIE
La capacité digestive varie selon la constitution de chacun. Certains ont la chance d’avoir un feu digestif puissant, quand d’autres doivent composer avec un feu digestif faible et les désagréments qui vont avec : haleine fétide, régurgitations, lourdeurs d’estomac, ballonnements, flatulences, sans parler du risque de mauvaise absorption de micronutriments de première importance. Heureusement, il existe de nombreuses solutions pour améliorer le feu digestif !
Voyons cela plus en détail.
En tant que naturopathe spécialiste des complé- ments alimentaires, je suis régulièrement amené à prodiguer des conseils en matière de supplé-
mentation. Mais comme le souligne fort justement le Dr Jean-Luc Morel, « beaucoup prennent des complé- ments alimentaires sans savoir s’ils vont ou non les as- similer et s’ils en ont besoin. Parfois, la flore intestinale, une mauvaise digestion ou un pancréas qui fonctionne mal ne permettent plus de produire les sucs digestifs et les enzymes qui assurent une bonne assimilation des compléments alimentaires » (1).
Le Dr Morel évoque en filigrane la notion de bio- disponibilité qu’il faut entendre comme la capacité d’absorption et d’utilisation des nutriments apportés par l’alimentation. Cette capacité dépend de l’état du « feu digestif ». L’Âyurveda (médecine tradition- nelle indienne) se montre très prolixe sur le feu diges- tif, qu’elle appelle Agni.
Le feu digestif selon l’Âyurveda
Agni commande le processus de la digestion et de l’assimilation de la nourriture. Il déclenche les sécré- tions salivaires, gastriques, pancréatiques et biliaires, et fait intervenir les enzymes digestives intestinales (cf. tableau ci-contre).
Quand Agni est puissant, l’organisme récupère les nutriments dont il a besoin et ne s’encrasse pas. À l’inverse, quand Agni est faible, il y a mauvaise ab- sorption des nutriments et accumulation de déchets à cause de la mauvaise dégradation des aliments ingé- rés. Il en résulte un « encrassement » de l’organisme appelé Ama en médecine ayurvédique.
En conformité avec l’approche naturopathique clas- sique, l’Âyurveda considère que la maladie trouve son origine dans la toxémie, dans l’excès d’Ama. Et qu’est- ce qui fait le lit d’Ama ? La maldigestion. C’est pour- quoi s’efforcer de manger bio n’est pas suffisant en soi
pour compenser un feu digestif faible. On entend sou- vent dire que nous sommes ce que nous mangeons. En réalité, nous ne sommes pas nécessairement ce que nous mangeons, mais certainement ce que nous digérons.
Causes de la maldigestion
Elles peuvent être d’origines diverses et s’additionner les unes aux autres. En voici quelques-unes parmi les plus importantes :
Mastication insuffisante ;
Hypochlorhydrie (sécrétion insuffisante d’acide chlorhydrique) ;
Mauvaises combinaisons alimentaires ; Insuffisance biliaire et/ou pancréatique ;
 Stress.
BOUCHE
Début de la digestion des glucides grâce aux enzymes dédiées à cette tâche.
ESTOMAC
Début de la digestion des protéines grâce au suc gastrique (acide chlorhy- drique + enzymes).
INTESTIN
Poursuite et achèvement de la diges- tion des macronutriments (glucides, protéines, lipides) grâce à la batterie d’enzymes contenue dans le suc pan- créatique, aux sels biliaires chargés d’émulsifier les lipides et aux enzymes digestives de la bordure en brosse du petit intestin (intestin grêle). Les glucides alimentaires non digestibles sont traités au niveau du gros intestin (côlon) par les enzymes bactériennes fabriquées par la flore locale.
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