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  ALTERNATIVE
   « Comme la femme supporte la moitié du ciel, les moxas supportent la moitié des maladies ». Proverbe chinois
La médecine traditionnelle chinoise comprend 5 branches : l’acupuncture et la moxibustion, le massage TuiNa, la diététique, la pharmacopée, le
qi-gong. L’acupuncture et la moxibustion font donc partie de la même branche de la MTC et se sont déve- loppées parallèlement en Chine.
En chinois, la traduction du mot acupuncture est Zhen Jiu Fa. Zhen signifie aiguille, Jiu : feu prolongé et Fa : méthode. L’acupuncture utilise donc non seulement les aiguilles pour soigner, mais également le feu. Ce terme « feu » fait référence à la chaleur des moxas. La cha- leur a toujours été utilisée partout dans le monde pour soigner et calmer la douleur : cataplasmes, bouillottes, bains chauds, infrarouges, enveloppements, etc., mais la moxibustion a la particularité de conjuguer les effets de la chaleur à ceux de l’acupuncture.
MOXAS OU AIGUILLES
Les moxas et les aiguilles agissent de manière différente sur l’organisme. Les aiguilles font circuler l’énergie qui se trouve à l’intérieur du corps, elles ont une action cal- mante ou tonique. Les moxas, quant à eux, apportent au corps de l’énergie qui vient de l’extérieur et ont des propriétés chauffantes et asséchantes. La chaleur des moxas entraîne en outre une augmentation de l’immu- nité générale. La moxibustion fortifie l’organisme, sti- mule l’énergie vitale, enrichit le sang, améliore la circu- lation sanguine, dissout les mucosités, etc.
Le choix par le praticien d’utiliser les moxas plutôt que les aiguilles se fait donc en fonction du type de désé- quilibre dont souffre le patient. Ils peuvent aussi être préconisés chez les personnes pour qui les aiguilles sont contre-indiquées ou qui ont peur des piqûres. Les maladies chroniques, comme les rhumatismes, par exemple, ou celles provoquées par le froid ou l’humi- dité (bronchite, digestion difficile, asthme, tendinites, anémie...) sont soignées efficacement par les moxas. En Chine, la moxibustion est d’ailleurs originaire des régions hautes et froides où son utilisation prédomine naturellement.
EN PRATIQUE
Moxibustion vient du terme japonais Mogusa qui si- gnifie « herbe à brûler ». Les moxas sont constitués de feuilles d’armoise séchées et réduites en poudre, aux- quelles on ajoute parfois d’autres herbes médicinales. L’armoise (Artemisia vulgaris), bien connue en phyto-
thérapie, est surnommée « herbe des médecins » en Chine et « Herbe de la Saint-Jean » chez nous. La moxibustion peut être utilisée seule ou combinée à l’acupuncture. Les moxas se présentent sous forme de petits cônes ou de bâtons qui ressemblent à des cigares. Cette dernière forme est la plus fréquemment utilisée aujourd’hui.
L’usage des bâtons d’armoise, aussi appelé moxibus- tion indirecte, est parfaitement indolore et il n’y a aucun risque de brûlure. Le praticien allume le moxa et le tient à proximité du point à chauffer, sans toucher la peau, jusqu’à procurer une agréable sensation de chaleur. Cette sensation de chaleur peut s’étendre bien au-delà de la zone traitée. Le traitement est bien sûr adapté à la sensibilité du patient et au déséquilibre dont il souffre. Le bâton peut être maintenu immobile à proximité du point ou déplacé dans un mouvement de balayage, par exemple le long du trajet d’un méridien.
La moxibustion, dite directe, moins fréquemment employée, utilise les cônes d’armoise. Le cône allumé est posé directement sur la peau ou sur une substance (1) (ail, gingembre, argile, sel, poivre, cannelle...) dont les propriétés s’associent à celle de la chaleur (voir encadré ci-dessous). Le cône est retiré dès que la chaleur est suffisante.
De petites boules d’armoise peuvent également être placées au bout d’une aiguille d’acupuncture.
Un des inconvénients des moxas est le dégagement de fumée. Cette thérapie doit donc toujours être pratiquée dans une pièce bien aérée ou munie d’un extracteur de fumée. On trouve aujourd’hui également des appareils de moxibustion électriques qui chauffent les points d’acupuncture sans fumée, ni odeur.
  MOXAS ET PLANTES
Bâtons ou cônes d’armoise peuvent être utilisés en association avec d’autres substances qui ren- forcent leur action :
• Le moxa sur gingembre est utilisé pour soigner certains troubles digestifs, les douleurs abdomi- nales, les diarrhées, l’arthrite, les hémorroïdes... • Le moxa sur ail est employé dans le traitement de la tuberculose, les dermatoses, les abcès, les furoncles.
• Le moxa au sel, uniquement utilisé dans le nombril, est efficace dans le cas de douleurs abdo- minales, diarrhées, évanouissements, ronflements et traumatismes affectifs.
• Le moxa sur argile combat l’eczéma et les ma- ladies provoquées par l’humidité.
• Le moxa sur poivre est utile dans certains types d’arthrite.
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