Page 63 - Rebelle-Santé n° 230
P. 63
LA PAROLE QUI VIENT À MANQUER BRUTALEMENT...
ET SI C’ÉTAIT UN ACCIDENT ISCHÉMIQUE TRANSITOIRE ?
L’accident ischémique transitoire survient lors de l’obstruction temporaire d’une zone cérébrale ; il se manifeste par des symptômes neurologiques.
Bien que temporaire, l’accident ischémique ne doit pas être minimisé car
il peut précéder un AVC.
URGENCES
Dr Daniel Gloaguen
Chacun connaît bien l’hé- miplégie ou la paralysie faciale consécutives à un
accident vasculaire cérébral (AVC). Souvent, des séquelles demeurent. Mais, dans certains cas, le trouble va régresser très vite, en quelques minutes ou quelques heures. C’est l’acci- dent ischémique transitoire (AIT). Même s’il peut survenir à tout âge, l’AIT s’avère plus fréquent après 65 ans. On en dénombre 32 000 chaque année.
GARE AUX FACTEURS DE RISQUE
Les causes sont bien connues : hypertension artérielle, diabète et insulinorésistance, maladie vascu- laire inflammatoire, tabagisme, al- coolisme, alimentation trop riche en graisses saturées, endocardite infectieuse, sédentarité et surpoids, consommation de cocaïne et hy- percholestérolémie.
SIGNAL D’ALARME
Même s’il n’est que transitoire, l’AIT est un signal d’alarme d’un potentiel AVC ultérieur. Les AVC, en augmentation constante, consti- tuent la troisième cause de morta- lité en France avec 204 décès pour 100 000 habitants. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’AIT pré- cède souvent la survenue d’un AVC durable, notamment dans les 24 à 48 heures qui suivent (5 %), au bout d’une semaine (10 %), jusqu’à 12 % après 30 jours. 30 % des personnes ayant fait un AIT font un AVC un jour ou l’autre.
ORIGINE CAROTIDIENNE
À l’instar de l’AVC, l’AIT cor- respond à une obstruction d’un
vaisseau cérébral. Mais le caillot, le plus souvent d’origine caroti- dienne, va se dissoudre rapide- ment, d’où le terme de transi- toire. En pratique, on parle d’AVC lorsqu’il n’y a pas de récupération complète après 24 heures d’évolu- tion de l’accident ischémique.
QUELS SYMPTÔMES ?
Si tous les symptômes neurolo- giques sont possibles, selon la zone concernée, les signes les plus fréquents consistent en une difficulté d’élocution soudaine, avec une difficulté à prononcer les mots, une déviation de la bouche, une amnésie des activités très ré- centes, des difficultés à mouvoir un membre (main le plus souvent). Ailleurs, c’est la perte temporaire
de la vision au niveau d’un œil, une vision double (diplopie), des vertiges, des troubles de la dégluti-
tion et une perte de l’équilibre qui doivent inquiéter.
DIAGNOSTIC
Il est essentiellement clinique.
La constatation d’un déficit neurologique suivi d’une récu- pération totale, donc sans aucune séquelle, suffit à faire le diagnos- tic. Côté examens complémen- taires, l’IRM et/ou le scanner ne retrouvent aucune atteinte dans la mesure où il n’y a pas de nécrose cérébrale (infarctus). De son côté, une échographie carotidienne pré- ventive peut retrouver des plaques d’athérome, susceptibles d’être
traitées à temps.
ANTICOAGULANTS
S’il n’est pas utile de traiter l’AIT en soi, il est nécessaire en re- vanche de prendre en compte les facteurs de risque et de prévenir la survenue d’un autre AIT (la succes- sion de petits AIT est fréquente), voire d’un authentique AVC, par la prescription de médicaments anticoagulants et le traitement de l’athérome carotidien à l’origine du détachement des petits caillots (endartériectomie).
CONSULTATION URGENTE
Vous l’aurez compris, il faut consulter immédiatement (rendez- vous dans un hôpital ou faites le 15) afin de bénéficier d’un traite- ment anticoagulant et d’éviter le passage d’un simple AIT à un AVC constitué.
Dr Daniel Gloaguen
Rebelle-Santé N° 230 63