Page 41 - Rebelle-Santé n° 215
P. 41

pas de la cacophonie en milieu tropical ! – produisent un phénomène physiologique appelé l’ASMR (« Auto- nomous sensory meridian response » = « réponse au- tomatique des méridiens sensoriels »). L’ASMR, c’est ce petit « frisson » ressenti à l’écoute d’une musique, de petits sons agréables tels des chuchotements, bruits des pages que l’on tourne, pieds qui crissent dans la neige, ou, en forêt, bruissements d’ailes, dialogue des feuilles sous la brise, troncs qui « grincent » comme de vieilles armoires normandes... Ces sons provoquent une relaxation très intense, observable par les scien- tifiques qui étudient le cerveau, via entre autres la sécrétion de dopamine, toujours elle.
Marcher en forêt, outre l’évident bénéfice sur la circulation sanguine (comme toute marche), « dimi- nue certains paramètres biologiques impliqués dans l’inflammation (cytokines) » conclut Sophie Milbeau, d’où son utilité globale sur la santé, du cœur et du cerveau en particulier. Les cytokines sont impliquées dans les accidents de type infarctus ou accident vascu- laire cérébral.
3 EXERCICES TOUT SIMPLES POUR DÉMARRER
Voici notre parcours. Dans l’idéal comptez 2 heures de « bain ».
Exercice pour se centrer – Nous commençons par fermer les yeux, debout. Il s’agit de lever puis des- cendre 20 fois les genoux, et ce avec chaque jambe. Puis, à la réouverture des paupières, de vérifier si l’on a fait du surplace, auquel cas on est équilibré ; ou si au contraire l’on a voyagé, ce qui indique un besoin de se recentrer, selon notre accompagnatrice. À l’issue de ce petit test, nous devons remplir un micro ques- tionnaire : 1) émotion de départ (joie ? culpabilité ?...), 2) émotion d’arrivée souhaitée (apaisement ? détache- ment ?...), 3) projet principal actuel (se libérer d’une situation ? se lancer dans la sculpture ?...)... Hop, on glisse le papier dans la poche. Nous reprendrons ce petit jalon en fin de « bain » pour voir si les choses ont évolué.
Salutation aux points cardinaux. Quelques dizaines de mètres plus loin, pieds au sol, yeux de nouveau fermés, nous nous tournons vers l’est et levons puis laissons retomber les bras 20 fois de suite. Même chose vers le sud, puis l’ouest, puis le nord. Prendre conscience des différences de lumière, de sensations, d’odeurs, du sol (souple ? dur ? en pente ? plat ?) et au-delà, des saisons.
Marche en forêt. Respirer profondément, essayer de ne pas penser, de seulement ressentir les énergies. Ob- server longuement un arbre, qui devient un point de repère. Si besoin, s’arrêter et fermer les yeux.
Il est possible d’imaginer des centaines d’autres « exercices », qui ne sont finalement autres que des expériences au cours desquelles nous nous reconnec- tons avec la nature et donc avec nous-mêmes. Le but : nous sentir mieux, plus forts, plus sereins, partie de ce « grand tout » dans lequel nous évoluons. Et comme toujours, le bain de forêt n’a de sens que réalisé en pleine conscience. Si l’on est contraint et forcé, si l’on déteste les insectes ou que l’on est allergique au pol- len, ou encore un ado agrippé à son téléphone por- table et râlant qu’on le traîne ici « pourquoi faire », le bain devient une corvée sans bénéfices. Ce n’est donc pas le simple fait d’être « là », c’est le fait d’être là « en conscience » qui permet d’obtenir un maximum d’efficacité. Cette conscience, c’est aussi communier avec ces êtres vivants, si différents de nous, qui nous accueillent et, peut-être, nous observent eux-aussi à leur manière. Ce n’est pas pour rien qu’Idéfix pleure quand Obélix arrache un arbre. Ça le rend fou de dou- leur ou de rage. Quand on y pense, cela devrait nous faire exactement le même effet...
Anne Dufour
*molécules excrétées dans l'air par les arbres et les forêts
Rebelle-Santé N° 215 41
NATURE


































































































   39   40   41   42   43