Page 67 - Rebelle-Santé n° 215
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PATHOLOGIES
LA PEAU AU MICROSCOPE
La peau ne se limite pas à un seul « élément » tissulaire. Elle correspond en réalité à trois couches bien distinctes qui se superposent, avec, de l’extérieur vers l’intérieur :
• L’épiderme, autrement dit
la couche superficielle de la peau, est constituée des cellules de la peau, les kératinocytes. Elles sont disposées en fines couches, à l’instar des tuiles sur un toit, et sont imperméables à l’eau et résistantes à la plupart des substances chimiques et
aux agressions physiques. Ces cellules ont un rôle essentiel
de barrière isolante entre l’environnement extérieur et l’organisme et ce, grâce à la fameuse kératine, la protéine qu’elles fabriquent. Au niveau
de la partie la plus profonde
de l’épiderme siège la couche basale, véritable usine à kératinocytes.
• Le derme, situé sous la couche basale de l’épiderme, est la couche moyenne de la peau, très fibreuse. Elle sépare l’épiderme d’une couche plus profonde, qu’on appelle tissu sous-cutané. Le derme assure la solidité de
la peau et offre une protection mécanique et thermique.
• Le tissu sous-cutané, situé juste sous le derme, et qu’on appelle parfois « hypoderme », est une couche de graisse plus ou moins épaisse. C’est dans cette couche que se développent les lipomes.
LA LIPOMATOSE
La lipomatose correspond à
une forme caractérisée par
le développement de très nombreux lipomes plus ou moins volumineux sur tout le corps.
La forme la plus connue est la maladie de Bensaude-Launois (voir Rebelle-Santé n°181) où
les lipomes, volumineux, se multiplient au niveau du cou
et des épaules pour donner un aspect en « bosse de bison ». L’origine pourrait être héréditaire et l’abus d’alcool ainsi que
le diabète et l’hypertension artérielle précipiteraient la survenue des lipomes. Ailleurs, la lipomatose est dite « multiple familiale », d’origine héréditaire à forme dominante. Cette lipomatose familiale concerne les avant-bras, les racines des cuisses et le tronc sous la forme de petits lipomes de 2 à 5 cm.
lipome sera saillant et donc bien visible à l’œil nu chez un sujet maigre, plus difficilement chez un sujet en surpoids. C’est aussi fonc- tion du volume de la tumeur, bien entendu. Qu’il soit visible ou non, cet amas de graisse est bénin (pas de cellule cancéreuse), ne migre pas et ne s’accompagne pas de métastases graisseuses à distance.
GARE AU LIPOSARCOME
Mais attention : comme dans tout amas de graisse, un cancer peut s’y développer un jour. On parle alors de « liposarcome », autrement dit un cancer du tissu graisseux. Par conséquent, tout lipome dont l’aspect se modifie soudainement (changement de forme, de volume, de consistance ou apparition d’une gêne ou d’une douleur...) doit être pris au sérieux et nécessite une vérification.
SUR TOUT LE CORPS
En général, les lipomes concernent plutôt les hommes âgés de 30 à 60 ans. Ils sont uniques, ou mul- tiples, jusqu’à la forme familiale où ils se comptent par plusieurs dizaines. Si la grande majorité des lipomes ne dépasse pas 5 cm de diamètre, d’autres en revanche peuvent atteindre 20 cm !
A priori, un lipome peut survenir n’importe où sur le corps. Pour autant, certaines zones sont plus concernées, comme le haut du dos, le cou, les épaules, le visage, le torse, les seins ou la face interne des bras, la racine des cuisses ou les fesses.
Enfin, les lipomes peuvent se déve- lopper dans certains organes pro- fonds, comme dans les poumons, le cerveau, le foie ou l’estomac. On peut en trouver jusque dans le genou, où le lipome va se déve- lopper dans un ligament. C’est la maladie dite « de Hoffa ». Des cas de lipomes osseux ont également été décrits.
ABSTENTION THÉRAPEUTIQUE...
Le lipome est bénin et n’entraîne en général aucune complication. Sauf exception (transformation en cancer), l’abstention thérapeutique est donc la règle.
... OU INTERVENTION CHIRURGICALE
Ce n’est que lorsque le lipome est particulièrement inesthétique (atteinte du visage, du cou...), mal toléré (zone de frottement, d’ap- pui...), douloureux ou particulière- ment volumineux qu’une interven- tion chirurgicale est envisageable. Elle peut devenir indispensable en cas de compression menaçante d’un organe de voisinage.
Pour les lipomes superficiels, elle se fait généralement en chirurgie ambulatoire sous anesthésie locale
et ne nécessite qu’une simple inci- sion. Enfin, dans certains cas, le lipome est retiré par liposuccion.
Dr Daniel Gloaguen
Rebelle-Santé N° 215 67