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En ce qui me concerne, pendant des années, le seul traitement qui atténuait un tant soit peu la dou- leur lors d’une crise était la prise conjuguée d’un gramme d’aspirine et d’un café serré, traitement que je devais répéter plusieurs fois par jour jusqu’à la fin de la crise. Ce n’était pas miraculeux, loin de là, mais cela me permettait de tenir le coup et, éventuellement, de sortir épisodiquement de mon lit...
À force de chercher des solutions non-médicamenteuses efficaces, j’ai fait un premier pas en avant en découvrant le potentiel du magné- sium en prévention des migraines. La prise de 400 mg de magnésium tous les jours a diminué la fré- quence et l’intensité de mes crises, et des plantes en infusion en fin de cycle m’ont permis d’atténuer les migraines hormonales.
Peu après, j’ai découvert les tra- vaux du Dr Josh Turknett. Ce neurologue d’Atlanta, migrai- neux depuis toujours, a consacré des années de recherche à com- prendre la migraine et les moyens de s’en débarrasser.
Comme je le disais plus haut, la migraine est multi-factorielle. Les facteurs déclenchants varient d’une personne à une autre, mais il est très rare qu’il n’y ait qu’un seul déclencheur. Le seuil à par- tir duquel la migraine survient est également différent d’une per- sonne à une autre. Pour illustrer le principe, le Dr Turknett compare le mécanisme à une montgolfière. Une fois que nous avons déter- miné le seuil à partir duquel la migraine se déclenche, il faut que la montgolfière reste en dessous de ce seuil. Les ballons qui la font monter sont donc les facteurs ag- gravants qui nous rapprochent du seuil de la migraine et les sacs de lest sont les facteurs qui nous en éloignent en faisant descendre la mongolfière. Parmi les ballons, il y en a que nous pouvons contrô- ler et d’autres pas. Nous ne pou- vons pas faire grand-chose contre
les facteurs héréditaires, les varia- tions hormonales, les conditions climatiques, etc. Par contre, nous pouvons agir sur d’autres facteurs comme les facteurs alimentaires (alcool, glutamate de sodium, nitrates, sulfites...), le manque de sommeil, le stress, etc. Parallèlement, et c’est le plus im- portant, nous pouvons augmenter les sacs de lest qui font descendre la montgolfière et la meilleure manière de le faire est à la portée de chacun d’entre nous, dans le contenu de notre assiette.
MIGRAINE ET HYPOTHALAMUS
L’hypothalamus est le général en chef de notre système endocrinien. Cette petite glande du cerveau assure la liaison entre le système nerveux et le système endocri- nien. L’hypothalamus contrôle les réactions chimiques et hormonales qui permettent à notre organisme de fonctionner : la température, les rythmes circadiens, la glycé- mie, les sécrétions hormonales, la réponse au stress, le métabolisme, l’équilibre hydrique, le système nerveux autonome, etc. Si l’hypo- thalamus est déréglé ou surchargé, nous finissons par tomber malades.
Il y a une relation étroite entre la migraine et l’hypothalamus. En ef- fet, de nombreux facteurs déclen- cheurs de la migraine sont sous le contrôle de ce dernier (stress, dés- hydratation, fluctuation de la gly- cémie, perturbation des rythmes de sommeil, chaleur...).
Par ailleurs, d’autres indices laissent à penser que l’hypothalamus joue un rôle majeur dans la survenue des migraines.
La migraine est périodique. Elle survient le plus souvent au même moment de la journée ou du mois. Et c’est l’hypothalamus qui régule les cycles biologiques.
La migraine touche 3 fois plus les femmes que les hommes.
Les zones du cerveau, en général, présentent peu de différences d’un sexe à l’autre. Les noyaux de l’hy- pothalamus, par contre, montrent des différences considérables entre les hommes et les femmes en ma- tière de sensibilité chimique, de connectivité, de taille... En outre, de nombreuses femmes souffrent comme moi de migraines hormo- nales, les sécrétions hormonales étant sous le contrôle de l’hypotha- lamus.
Les symptômes annonciateurs qui précèdent la migraine comme la fatigue, la soif, l’intolérance à la chaleur, etc. sont des signes d’un déséquilibre de l’homéostasie, homéostasie qui est contrôlée par l’hypothalamus.
LA MIGRAINE : UNE MALADIE DE CIVILISATION
La migraine, quand elle était re- connue comme telle, a toujours été considérée comme une maladie mystérieuse, dont on ne connaît ni la cause, ni le traitement. Mais se pourrait-il que nous ayons regardé le problème par le petit bout de la lorgnette au lieu d’embrasser l’ensemble du paysage ? Selon le Dr Turknett, la migraine n’est rien d’autre qu’une maladie de civilisa- tion, au même titre que le diabète, l’obésité, les maladies cardio- vasculaires, le cancer... Elle est la conséquence de notre alimen- tation et de notre mode de vie, et principalement d’aliments que beaucoup consomment quotidien- nement, aliments qui provoquent une inflammation chronique de l’organisme et dérèglent le fonc- tionnement de notre précieux hy- pothalamus : le sucre, les céréales modernes, les graisses trans et les acides gras omega 6.
L’Homme est génétiquement adap- té aux végétaux et aux graisses, pas au sucre et aux céréales et, bien entendu, pas aux aliments ultra- transformés par l’industrie.
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