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commencent à mettre en évidence que si des personnes arrêtent le gluten et se sentent mieux, ce n'est pas forcément à cause du gluten, mais plutôt à cause de ces sucres (sauf pour les personnes atteintes de la maladie cœliaque, bien sûr). »
Où sont cachés les FoDmap ?
Les FODMAP se trouvent dans la plupart des produits d'origine végé- tale et dans les produits laitiers. La liste des aliments qui en contiennent est énorme et encore loin d'être ex- haustive. Une application, appelée « Monash University FODMAP diet », a été développée au sein de l'université Monash à Melbourne, dont fait partie Peter Gibson, pour mieux s'y retrou- ver. En vente pour une dizaine d'euros, elle est disponible en anglais et en al- lemand et régulièrement mise à jour.
tout sauf une mode
Le « pauvre » du régime « pauvre en FODMAP » a son importance. Il ne s'agit pas de supprimer entièrement ces sucres de son alimentation, mais bien d'identifier ceux qui vous font le plus mal et d'adapter les quantités.
Contre le syndrome de l’intestin irritable
Julie Delorme est la seule diététi cienne française à avoir été formée par Sue Shepherd, en Australie. At- teinte du syndrome de l'intestin ir- ritable depuis 16 ans, elle a tout es- sayé avant de découvrir ce régime et le tester ellemême. « Ça a vraiment été miraculeux ! Le régime s'organise en deux temps. D'abord, on limite les aliments qui contiennent des FODMAP, sur quatre semaines. Ensuite, on passe aux tests de réintroduction, sur trente jours. Cette phase est personnalisée par rapport aux habitudes alimen- taires et aux sensibilités de chacun-e. On arrive au final à une liste la plus courte possible des aliments qui posent problème. »
Du bon sens...
« C'est une approche moins restrictive que le régime sans gluten parce que ça ne dit pas d'arrêter complètement un produit mais ça te dit quel produit tu absorbes moins bien et en quelle
quantité tu peux le tolérer, explique Lucie Le Roy. À chacune de trouver son équilibre. » Lucie a déjà testé plusieurs régimes pour tenter de soulager les symptômes de l'endométriose : « Le régime pauvre en FODMAP me paraît pas mal. J'ai essayé totalement sans gluten, ce qui fonctionne pour les dou- leurs, mais pas pour les problèmes digestifs. Par exemple : je mangeais énormément de pommes et juste en enlevant ça, je vais mieux. Dans la catégorie des fructanes, j'ai trouvé l'aliment qui ne me réussissait pas du tout : les topinambours. C'est un ré- gime difficile à expliquer au reste du monde : je diminue le blé et les pom- mes et j'arrête les topinambours ! Il ne faut pas se lancer seule, mais être encadrée par un-e professionnel-e, si- non il y a des risques de carence ou de ne pas manger équilibré. Et surtout, ça ne sert à rien de le suivre si on n'est pas malade ! »
Efficacité prouvée
À la base destiné aux personnes at- teintes du syndrome de l'intestin ir- ritable ou de la maladie de Crohn, ce régime a prouvé son efficacité pour les troubles digestifs liés à l'endométriose. L'Université Monash publie régulière- ment des études sur les effets positifs de ce régime. La dernière, datant du 17 mars 2017 et intitulée « Endometri- osis in patients with irritable bowel syn- drome : Specific symptomatic and de- mographic profile, and response to the low FODMAP diet » (dans l'Australian and New Zealand Journal of Obstetrics
and Gynaecology) rappelait ainsi que l'endométriose est souvent confondue avec le syndrome de l'intestin irritable puisque les deux maladies présentent des symptômes similaires : diarrhée ou constipation, ventre gonflé, hyper- sensibilité viscérale et douleurs des organes internes.
160 femmes atteintes du syndrome de l'intestin irritable, dont 36 % avaient aussi une endométriose, ont participé à cette dernière. L'équipe de recher- che a une nouvelle fois confirmé que le régime pauvre en FODMAP montrait des améliorations significatives des symptômes.
Des réserves, tout de même
Malgré tous ses aspects positifs, des réserves ont été émises quant à la dimi- nution de certaines bactéries béné- fiques dans notre organisme. Certains aliments riches en FODMAP contien- nent en effet des prébiotiques essen tiels. Les chercheurs s'interrogent donc sur les modifications de la flore intes- tinale qu'un régime pauvre FODMAP peut entraîner et sur son impact à long terme sur la santé. Par ailleurs, Peter Gibson et Sue Shepherd rappellent à chaque occasion qui leur est donnée que si le régime améliore les symp- tômes, il n'en traite aucunement la cause. « C'est un régime de confort », ajoute Julie Delorme. Pour les endo- girls, la partie n'est donc malheureuse- ment pas encore gagnée mais c'est un début...
Hélène Molinari
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