Page 14 - Rebelle-Santé n° 231 - Extrait "Covid"
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EXAMENS
Dr Daniel Gloaguen
INFECTION PAR UN VIRUS
L’IMPORTANCE DE CONNAÎTRE LA CHARGE VIRALE
On entend souvent parler de charge virale en matière de virus, et notamment du coronavirus ou du Sida. Mais de quoi s’agit-il exactement ?
Les virus se répliquent et colonisent les organismes qu’ils infectent. Ils se mul-
tiplient ainsi jusqu’à menacer la vie lorsqu’ils sont particulière- ment virulents (Sida, coronavirus, hépatite, grippe, fièvres hémorra- giques...). On dispose de plusieurs techniques pour les mettre en évi- dence, comme la PCR (détection de fragments d’ADN ou d’ARN) ou encore la sérologie (détection des anticorps). Certaines de ces techniques, la PCR notamment, permettent de quantifier la charge virale.
DE QUOI S’AGIT-IL EXACTEMENT ?
La charge virale détermine le nombre de copies d’un virus, autrement dit le nombre de répli- cations du virus circulant dans le fluide biologique prélevé. Il peut s’agir de sang (plasma), de salive, d’urine, de sperme... On l’exprime donc en nombre de copies par mil- lilitre. Plus exactement, ce ne sont pas les virus qui sont directement comptabilisés, mais la quantité d’ARN retrouvée (ou d’ADN, pour les virus à ADN).
À QUOI ÇA SERT ?
La charge virale est l’un des para- mètres importants dans l’appré- ciation d’une maladie virale. En
pratique, elle va avoir plusieurs intérêts :
• Déterminer la sévérité d’une contamination. En général, plus la charge virale est élevée, plus le risque de développer les symp- tômes de la maladie est grand, a fortiori lorsqu’il s’agit d’un virus dangereux à la base.
• Déterminer la vitesse de propa- gation de l’infection. La répéti- tion des analyses de charge virale permet de déterminer la vitesse de progression de la maladie.
• Suivre les effets d’un traitement.
La baisse de la charge virale et sa vitesse permettent d’évaluer l’efficacité d’un traitement.
• Repérer une résurgence de la maladie, avec l’élévation de la charge virale après un traite- ment.
DU SIDA...
Dans le cas du Sida, le traitement vise à atteindre une charge virale inférieure à 50 voire 40 copies par millilitre, seuil où elle devient indétectable. Même s’il y a encore du virus, les techniques actuelles de détection ne permettent pas de retrouver lesdites copies. En deçà de 50, on estime que le risque de transmission est très faible et proche de 0. Pour autant, on ne
peut pas parler de guérison car le virus est peut-être encore présent. La prudence est donc de règle. La charge virale du Sida en phase active peut dépasser le million de copies par millilitre ! On estime qu’au-delà de 100 000 copies, la maladie est considérée comme très active.
... AU CORONAVIRUS
La connaissance du coronavirus responsable de la Covid-19 (Sars- CoV-2) est encore balbutiante et certains résultats s’avèrent discor- dants. Rien n’est certain, mais il semble qu’une charge virale éle- vée soit liée à la sévérité de l’infec- tion. Selon une étude chinoise, elle serait 50 à 60 fois plus importante chez les patients atteints de forme grave de Covid-19, par rapport à ceux atteints d’une forme plus lé- gère. Par ailleurs, nombreux sont les spécialistes qui estiment qu’une charge virale élevée prédisposerait à une contagiosité accrue, même chez des patients asymptomatiques ou peu symptomatiques. D’autres considèrent que le pic de charge virale précède souvent l’apparition des symptômes. D’où l’intérêt d’un dosage à titre préventif qui pourrait permettre de mieux cibler les per- sonnes pour lesquelles la quaran- taine est indispensable.
Dr Daniel Gloaguen
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