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REGARDS
de leur santé, en suivant pendant un an un PPACT (Programme Personnalisé d’Accompagnement Thé- rapeutique). En groupe, elles se retrouvent ensemble pour affronter la réalité, et trouver les ressources pour traverser l’épreuve. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au-delà d’une meilleure qualité de vie, en complé- ment de l’approche thérapeutique conventionnelle, le PPACT offre une augmentation moyenne de 29 % des chances de survie tous cancers confondus. Dans le cas précis du cancer du sein, on arrive à 50 % de récidives en moins et 68 % de réduction de la mor- talité !
Comme un chant d’espoir, les témoignages des per- sonnes ayant eu accès au PPACT apportent un éclai- rage passionnant sur ce que cet accompagnement représente ou a représenté dans leur chemin vers la santé.
MULTIPLIER SES CHANCES
En septembre 2019, au centre des Congrès d’Aix-en- Provence, le Dr Mouysset a fait un bilan « officiel » des centres Ressource devant plus de 500 personnes. Il avait préparé une lettre à cette occasion, qu’il a lé- gèrement « actualisée » pour conclure son nouveau livre. La voici :
« Il n’existe toujours pas en France de programme structuré de soutien psychosocial pour les personnes touchées par le cancer1. Pourtant, les approches prou- vées efficaces dans ce domaine ont été évaluées/vali- dées depuis plus de trente ans pour certaines, comme la Psychothérapie de Groupe type Soutien Expression (PGSE) modélisée par le Pr David Spiegel dans les an- nées 1980 en situation métastatique, ou le programme de Barbara Andersen pour les personnes en rémission, programme basé sur l’apprentissage de la gestion du stress, l’alimentation, l’activité physique, la communi- cation relationnelle et les connaissances.
Plutôt que de chercher "pourquoi" il n’existe pas un soutien disponible de ce type en "routine" en France pour tout patient atteint de cancer, nous avons fait le choix en 2001 de chercher "comment" les aider.
Après dix ans de recherche, nous avons débuté en janvier 2012 le désormais fameux "PPACT Ressource®, Programme Personnalisé d’Accompagnement Théra- peutique", proposé sur Aix-en-Provence, mais aussi depuis 2016 sur Montélimar (il est donc aussi trans- missible et réalisable ailleurs).
Après 7 années d’expérience, la Fédération des Centres Ressource – 7 centres en France en 2020 – souhaite porter à la connaissance du plus grand nombre les résultats de ce programme innovant en France, mis en place depuis janvier 2012, qui apporte une ré- ponse à : "Comment accompagner efficacement les
Le Dr Jean-Loup Mouysset
personnes atteintes d’un cancer métastatique (ou en rémission) pour une meilleure qualité de vie, et peut- être de meilleures chances de survie/rémission ?"
Notre étude ne démontre rien, cela a déjà été fait de- puis bien longtemps dans le domaine de la recherche en psycho-oncologie. Mais personne n’était parvenu en France à ce jour à proposer aux malades ce que la recherche avait découvert, comme si un médicament avait été "validé", mais n’était pas disponible en de- hors d’un essai thérapeutique.
Notre étude a été acceptée pour publication dans une revue scientifique à comité de lecture, après trois ans d’efforts et de soumissions à des revues scientifiques. Les deux premières revues ont refusé sur l’argument que l’étude n’est pas "randomisée" : l’épidémie de la Covid-19 révèle pourtant aujourd’hui les failles de cette volonté quasi systématique de ne donner de va- leur qu’à cette méthode de recherche. Si la randomi- sation n’est pas adaptée à la situation de crise (les ré- sultats des études n’arrivent que des semaines ou des mois plus tard, et donc après la guerre...), elle n’est pas plus adaptée à l’étude du soutien des personnes atteintes de cancer. Réclamer une étude randomisée revient à ne pas considérer que la preuve est faite de l’intérêt de soutenir les personnes malades (et leur entourage). On peut alors se demander s’il est éthique de demander une telle démarche dans cette situation. C’est aussi révéler le fossé qui existe entre l’approche exclusivement scientifique –centrée sur les études scientifiques – et la médecine intégrative – centrée sur le patient. Les études isolent et manquent d’une vision globale qui intègre les résultats démontrés et la réalité
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