Page 43 - Rebelle-Santé n° 229
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   CORPS-ESPRIT
 La philosophie comme la pratique du zen remonte à une posture physique initiée par le Bouddha Shakyamuni il y a 2600 ans lorsqu’il s’installa
sous l’arbre de la Bodhi pour méditer jusqu’à son éveil. Cette posture nommée zazen incarne à elle seule toute la sagesse de la conscience éveillée du Bouddha, c’est à elle que l’on doit l’entrée dans le chemin de la contemplation qui mène à la réalisation spirituelle. Zazen est donc une expérience pleinement vivante et active, disponible sans accompagnement dogmatique et adaptable à toute démarche intérieure sans condition autre qu’un engagement personnel de soi à soi. La pratique du zen est de « faire zazen » ce qui signifie : « s’asseoir, seulement s’asseoir ».
LES BIENFAITS DE LA PRATIQUE ZAZEN
Lorsque l’esprit se rend attentif à lui-même, l’agitation mentale cesse peu à peu pour faire place au lâcher- prise accueilli en soi comme une délivrance. La posture maintenue un certain temps dans le silence du corps et de l’esprit soulage les tensions en les libérant dans l’espace créé par la paix qui s’installe. La répétition fréquente de cette attitude de repli par rapport aux mouvements incessants de la vie quotidienne induit une qualité de bien-être calme, propice à l’évolution d’un meilleur état émotionnel, plus stable et donc plus résistant face aux intempéries de la vie. Même sans démarche spirituelle précise, tout le monde peut “faire zazen” et y trouver son compte d’apaisement.
La référence
Née de la culture chinoise et japonaise, cette pratique rend possible la progression intérieure par une simple attitude extérieure qui relie au plus profond de soi- même. Son précurseur fut un initié japonais, Maître Taisen Deshimaru (1914-1982), venu en Europe implanter cette culture de soi si répandue aujourd’hui. Formé à l’école Sôtô, Maître Deshimaru instaura le zen en Occident en fondant de nombreux « dojos » (lieux de pratique). Son enseignement accessible à tous insiste sur la pratique de la posture pour placer le corps et l’esprit dans l’ici et maintenant et y trouver la sérénité de l’instant.
Réaliser la sagesse par le corps
« Si quelqu’un demande ce qu’est le vrai zen, il n’est pas nécessaire que vous ouvriez la bouche pour l’expliquer. Exposez tous les aspects de votre posture de zazen. Alors le vent du printemps soufflera et fera éclore la merveilleuse fleur de prunier. » Daichi Sokei
Sans raisonnement et sans théorie sur laquelle s’appuyer, zazen, l’assise juste, vous fait chevaucher le dragon ailé qui vous conduit aux rives éclairées de
votre conscience suprême. Vous méditez comme une montagne demeure en son immuabilité, comme un ciel étend ses bras protecteurs dont il recouvre le monde, zazen vous mène à l’essence même de l’univers et vous nourrit de sa sève.
Pousser le ciel avec sa tête
Avant tout, vous devez vous être procuré un coussin de méditation nommé zafu. Les plus confortables pour votre dos sont remplis d’écorces de graines de sarrasin qui épousent votre assise et soutiennent votre rachis vertébral. Assis au bord du coussin et non comme dans un fauteuil, votre bassin est basculé vers l’avant pour aider vos genoux à reposer sur le sol. Les jambes croisées en lotus, demi-lotus ou simplement en tailleur, il est recommandé de parvenir à vous sentir à l’aise.
Ainsi positionné, redressez votre dos avec l’idée de dresser la colonne vertébrale telle une antenne entre terre et ciel. Le menton légèrement rentré, votre nuque est allongée dans le prolongement du dos. Repoussez le sommet de votre crâne vers le plus haut du ciel et respirez. Posez votre regard sur le sol devant vous sans nécessairement fermer les yeux et détendez vos épaules. Respirez. La pointe de votre langue touche le centre du palais et les mâchoires sont relâchées. Votre main droite est posée dans le creux de la paume gauche qui est tournée vers le haut. Ce qui est l’inverse pour les hommes, avec la main gauche au-dessus. La pulpe de vos pouces se touchent dans leur prolongement et les poignets sont au contact du ventre.
Cette attitude parfaite imprime son intention d’immobilité sans effort dans l’ordre de l’univers. À partir de là, respirez dans l’espace libre de toute contrainte.
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