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CORPS-ESPRIT
La respiration en zazen
Installé dans la juste posture, votre respiration va progressivement se ralentir d’elle-même. Prenez soin de porter davantage attention à l’expiration qui doit s’étendre dans une longueur limpide et puissante à la fois, tandis que l’inspiration s’effectue naturellement sans y penser sur une plus courte durée. En poussant le souffle vers le bas de votre ventre, vous produisez un massage interne qui restaure l’énergie des viscères. Inspirez de manière courte, expirez de manière lente. À chaque instant, le souffle conscient réalise la magie de l’œuvre de la vie.
Placer l’esprit en sa demeure
Si respiration et posture se soutiennent mutuellement, le placement de l’esprit dépend de la concentration attentive portée sur la posture et sur le souffle. Lorsque le corps et l’esprit sont intégrés à zazen, le flux des productions mentales passe comme des nuages dans le ciel et s’estompe naturellement. Prenant soin de ne pas retenir les pensées qui surgissent, les pratiquants laissent apparaître la conscience qui se tient au-delà de la pensée. Et si rien ne permet de ne plus penser, il est possible de transcender l’autorité mentale en passant outre son contenu (le trop-plein de pensées) pour ne rester que dans le contenant vidé de toute image et sentiment avant de le laisser se dissoudre de lui-même.
Là est tout le jeu de l’esprit zazen. Progressivement, la pratique démontre la substance illusoire des pensées dans leur mouvement constant, découvrant, au fil du temps passé immobile et tranquille, le sens réel de la méditation.
« Lorsque l’esprit ne se fixe plus sur rien, le véritable esprit se révèle. » Sûtra du Diamant
KIN-HIN, MARCHER SUR LA GRANDE TERRE
Faire kin-hin, c’est prendre un temps de pause entre deux zazen. Il s’agit d’une marche lente au rythme de son souffle, les mains en placement du « Faîte suprême », c’est-à-dire : du toit sur la maison. Kin-hin participe à l’équilibre de la pratique qui régulièrement rompt l’immobilité absolue au bénéfice du mouvement.
Le placement des mains en kin-hin s’effectue en rentrant le pouce gauche à l’intérieur du poing gauche fermé positionné contre le haut du plexus solaire. La main droite est posée comme un toit au- dessus du poing gauche. Les coudes sont écartés, les avant-bras à l’horizontale, le dos droit, la nuque étirée, le menton légèrement rentré, le regard dirigé vers le sol bien en avant de soi en prenant soin de ne pas crisper les épaules. Comme pour zazen, la respiration est naturelle à l’inspiration et prolongée dans l’expiration jusqu’au centre du ventre, sous le nombril. En inspirant, on avance d’un demi-pas en déployant la plante du pied, suivi, à l’expiration, d’un demi-pas semblable.
Il est dit que la marche kin-hin fait avancer comme le tigre dans la forêt ou le dragon dans la mer. L’appui du pied est sûr et silencieux, doux et puissant à la fois.
UNE PRATIQUE QUI DONNE GOÛT À LA VIE
Zazen et kin-hin influencent favorablement le comportement au quotidien du fait de l’équilibre et de l’assurance d’une stabilité maintenue durablement
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