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TRACAS
Dr Daniel Gloaguen
LES DOULEURS DU TENDON D’ACHILLE
COMMENT FAIRE LE DIAGNOSTIC ?
Chacun connaît l’emplacement de son tendon d’Achille. Bien que très épais, ce tendon demeure fragile et de nombreuses pathologies le menacent,
de la simple tendinite à la rupture.
Le tendon d’Achille est le plus imposant de tous de par sa taille – 6 mm d’épaisseur pour
une longueur de 12 à 15 cm – et ses performances – 400 kg de ten- sion avant la rupture, soit 5 à 6 fois le poids du corps. Au-delà d’un allongement de 4 % de sa taille initiale, il est déformé « à vie ». Ce tendon relie le gros muscle du mollet (triceps sural) à la face postérieure du talon (calcanéum). Il sert de courroie de transmission permettant au mollet d’imprimer la marche, la course et les sauts. Pour autant, il peut se rompre, surtout lorsqu’une pathologie l’a fragilisé.
DOULEUR
Dans la plupart des cas, les patho- logies du tendon d’Achille se tra- duisent par une douleur. L’examen clinique et la nature de la douleur permettent d’orienter le diagnostic.
DE LA TENDINITE...
La tendinite d’Achille est la plus fréquente des pathologies tou- chant ce tendon. Survenant lors d’un effort inhabituel ou répété (sport, marche...), elle se mani- feste par une douleur apparaissant au début, pendant et après l’effort. Reproductible à la palpation, lors de la contraction du mollet ou lors de la flexion dorsale du pied, la douleur va s’accentuer si rien n’est fait. Dans certains cas, des fibres peuvent même se rompre, laissant la place à des petits nodules dou- loureux.
Traitement : repos strict, antal- giques, anti-inflammatoires en massage ou gel, et kinésithérapie. Côté huiles essentielles, celle de gaulthérie s’avère très efficace.
... À LA RUPTURE
Si la rupture ne passe jamais ina- perçue, elle s’avère rarement très douloureuse. Il s’agit plutôt d’une douleur postérieure brutale et sourde, parfois confondue avec une entorse de cheville. Le pied est tombant (chute possible) et la montée des escaliers devient dif- ficile. Le tendon peut se rompre lorsqu’il a été fragilisé par une tendinite négligée, par des infil- trations intratendineuses de corti- coïdes ou après traitement par les antibiotiques de la famille des qui- nolones. La rupture peut se faire également sur un tendon sain, lors des contractions du mollet cou- plées à un appui brutal type départ de sprint. À la palpation, le tendon
semble interrompu à l’endroit de la rupture (encoche).
Traitement : chirurgical.
PÉRITENDINITE
Le tendon coulisse dans une gaine, ou péritendon, le tout dans une double aponévrose lubrifiée par un liquide protecteur, l’ensemble lui permettant de glisser aisément. Le péritendon peut s’inflammer. On
parle alors de péritendinite ou de ténosynovite. Elle se ma- nifeste par une sensation de
crissement ou de crépitation à la palpation. Contrairement à la tendinite, la péritendinite se traduit par une rougeur, une cha-
leur de la peau et un œdème.
Traitement : comme pour une ten- dinite.
BURSITE
À l’instar de la double aponévrose lubrifiée, le tendon est pourvu en avant et en arrière de petites bourses séreuses facilitant le cou- lissement qui peuvent également s’inflammer. Ces « bursites » se manifestent par des douleurs de- vant ou derrière le tendon, assez proches du lieu d’insertion du ten- don d’Achille sur le calcanéum. Comme dans le cas des péritendi- nites, elles s’accompagnent d’un œdème et d’une rougeur au niveau de la peau. Le diagnostic de cer- titude passe par une échographie.
Traitement : la ponction de la bourse amène le soulagement, de même que l’infiltration prudente d’anti-inflammatoires. La chirurgie est parfois nécessaire pour vider la bourse.
Dr Daniel Gloaguen
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