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Rebelle-Santé vos témoignages
Maladies psy, hospitalisation et traitements
« Je suis une fidèle lectrice de Rebelle-Santé. Dans le cadre de mon travail à domicile, j’offre votre journal à la fin de mes interventions. Je vous ai écrit il y a quelques années et votre réponse m’a touchée. C’est pourquoi je viens vers vous pour témoigner.
Ma sœur est atteinte d’une maladie psychiatrique chronique, psychose de type maniaco-dépressive (trouble bipolaire) depuis l’âge de 22 ans, elle en a 54 aujourd’hui. Sa maladie l’a conduite à faire de fréquents séjours à l’hôpital psychiatrique. Elle est soignée avec des psychotropes par injection. Elle est sous contrainte de l’État. Elle a perdu son travail et est en invalidité. Elle n’a pas pu s’occuper de sa fille à plein temps. Je l’accompagne depuis toutes ces années avec des moments de grandes souffrances pour elle-même et notre famille... La voir souffrir, être démunie face à elle ; la peur, des frayeurs quant à ses réactions (j’ai eu l’impression parfois que les médicaments aggravaient son état), beaucoup de larmes, la révolte aussi, la solitude face à l’hôpital et au corps médical, des pourquoi sans réponse... Oui ces maladies impactent beaucoup l’entourage, désta- bilisent, mais aussi font réfléchir sur le sens de la vie, sur la symbolique de la maladie, sur comment s’en sortir... Dernière hospitalisation ce mois-ci, ma sœur avait demandé la baisse du dosage de son traitement, des effets secondaires non négligeables étaient appa-
rus : dépersonnalisation, elle n’arrivait pas à faire ses courses, ses repas, blocage dans son être profond. Mais son état s’aggravait. Ne voulant pas augmenter la posologie de son traitement, le corps médical a dé- cidé de la renvoyer à l’hôpital. J’ai reçu un appel du CMP (centre médico-psychologique, NDLR) qui la suit, pour me le signifier. Cinq soignants sont venus la chercher à son domicile un matin. Que puis-je dire ? Rien, je subis aussi. Quel choix ? Aucun. Son méde- cin lui a dit : « maladie chronique, déni, traitement à vie », suivi au CMP ou retour à l’hôpital si besoin. J’ai discuté avec une infirmière psychiatrique, même dis- cours, pas de place pour l’espérance d’une guérison, l’autoguérison on ne connaît pas, on n’en parle pas ! Cette personne a tenté malgré tout de faire rentrer l’eutonie dans son service. On lui a dit très vite d’arrê- ter. D’après cette soignante, c’est l’administration qui bloque !
L’hôpital est une entreprise gérée comme une entre- prise rentable au service de Big pharma avec la com- plicité de l’État français depuis 30 ans, à travers toutes ces lois pour encadrer la santé de chacun (...).
En 30 ans, je n’ai pas vu d’amélioration des condi- tions d’hospitalisation. Seuls les locaux ont changé mais pas en bien à mon avis. Les anciens bâtiments avaient une cour verdoyante, contiguë avec des grands arbres, de quoi se ressourcer ! Les bâtiments
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