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CULTURE ET SANTÉ
aujourd’hui. Pour Mamas, je me suis retrouvée après mon cancer avec une envie irrépressible d’avoir un enfant sans savoir pourquoi et en même temps j’en avais très peur. Les féministes de la deuxième vague, c’est-à-dire celle d’après les suffragettes, la génération des Simone de Beauvoir, Adrienne Rich ou encore Élisabeth Badinter ne parlent pratiquement jamais de maternité. Je suis tombée enceinte assez rapidement et je me suis vraiment retrouvée à me demander ce que je faisais. Mamas a accompagné mes questionnements », affirme-t-elle.
LA MATERNITÉ, CE « DRÔLE DE PIÈGE »
Cette envie « viscérale » d’avoir un bébé est venue quand on a annoncé à Lili que la chimiothérapie pouvait rendre stérile. À cette occasion, on lui a prélevé des ovocytes. « Est-ce que cette réaction est normale ? Y a-t-il d’ailleurs une norme ? », s’interroge- t-elle. Dans Mamas, elle passe en revue tout ce qui approche biologiquement ou sociologiquement de la parentalité pour passer à la loupe tous les préjugés. Comme le souligne Lili, Simone de Beauvoir ne parlait-elle pas de la maternité comme d’un « drôle de piège » ? « Avec un désir d'enfant, tu te sens en porte-à-faux et à contre-courant de l’émancipation féministe. Les codes du patriarcat se resserrent dans la case mère. Si la dessinatrice Emma a déjà beaucoup parlé de charge mentale, moi, j’ai découvert en même temps que j’écrivais la charge féminine qu’on associe à la parentalité. Quand on le vit, ça prend un tout autre sens. Au fur et à mesure, je me rendais compte
des manipulations, toutes ces mises en place sociétales pour que la maternité soit exclusivement féminine, bien avant d'avoir des enfants. Un bébé se fait à deux et ce n’est pas parce qu’on est la mère qu’on a plus de capacité ou de responsabilité. Je commence donc par introduire la différence entre parent et géniteur,
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