Page 9 - Rebelle-Santé n° 210 - Extrait " Cosmétiques aux oeufs"
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LA CHRONIQUE DE PINAR
« UNE DRÔLE DE DÉMOCRATIE »
En France, plusieurs associations, comme Générations Futures, Les Amis de la Terre, Les Faucheurs Volontaires ou Inf’OGM mènent un travail rigoureux pour alerter le public sur les dangers des pes- ticides et pour appeler les autori- tés à agir. Et Greenpeace a lancé la « course zéro pesticide » pour évaluer chaque année la grande distribution (Carrefour, Auchan, Monoprix...), encourageant les marques à débarrasser de leurs rayons les molécules toxiques le plus rapidement possible. Toutes ces mobilisations ont sans doute été déterminantes dans la réaction du gouvernement, qui s’est enga- gé à ce que le glyphosate ne soit plus utilisé en France d’ici 3 ans. Mais, comme Sophie Lacoste l’a écrit dans son édito du numéro de Juillet-Août dernier, il a suffi d’un vote de 63 députés à 2 heures du matin pour que le texte soit rejeté : « Moins de 15 % des député.es ont donc décidé qu’on n’inscrirait pas l’interdiction du Roundup dans la loi. » C’était à la fin du mois de mai. Les autres députés dormaient sans doute à poings fermés, ne se doutant pas, pour certains, que l’on puisse ainsi voter sans eux... Mi-septembre, le débat a repris à l’assemblée, avec un nouvel amen- dement demandant que l’interdic- tion du glyphosate dans les 3 ans soit inscrite dans la loi. Cette fois, levoteaeulieuà4heuresduma- tin, avec une représentation tou- jours aussi faible : 35 députés pour et 42 contre. Comment expliquer qu’une promesse officielle du Pré- sident de la République ne soit pas validée ? Peut-on encore y croire ? Et comment ne pas réagir devant ce poids des lobbys alors qu’il y a une véritable urgence écologique ? C’est de la collaboration avec le crime d’écocide. Comment expli- quer une telle réaction des élus ? Sans doute ont-ils facilement accès au bio parce qu’ils ont de l’argent, et ne se sentent pas personnellement concernés. Sans doute pensent-ils
que le Roundup est loin de leurs assiettes et que le capitalisme ne tue que les pauvres...
Mais ils se trompent. La planète s’écroule et tout le monde avec. Bien sûr, à court terme, les riches ont davantage de ressources pour se protéger et, comme le montre le film de Marie-Monique Robin, les premières victimes sont les pauvres. D’ailleurs, quand je vais au magasin bio, je croise surtout des gens aisés... Je me sens mieux dans les magasins plus populaires. Mais voilà, j’ai l’impression que tout ce qui y est vendu ou presque est toxique, alors je n’y vais pas.
Pour essayer d’être le plus en ac- cord avec mes idées, je ne mange pas de viande, ni de conserves, ni de plats préparés, et je vais aussi souvent que possible acheter chez les maraîchers que je connais, avec qui je discute...
Sans argent, nous ne sommes pas, pour autant, condamnés à manger n’importe quoi. Chacun peut déci- der d’agir à son échelle. Pourquoi ne pas créer un potager à plu- sieurs ? En permaculture, les pota- gers sont très productifs et il n’y a pas besoin de beaucoup d’espace. À défaut d’avoir soi-même un jar- din, en se renseignant auprès de sa mairie, on peut souvent avoir accès à un jardin ouvrier ou un ter- rain financièrement accessible.
On peut aussi en parler aux voi- sins, aux amis...
J’ai décidé de devenir actrice de ma vie. Pour cela, je dois être la plus autonome possible et m’affranchir des grandes industries. Créons des espaces de solidarité pour nourrir notre corps et notre âme.
Serrons-nous les coudes et donnons- nous la main !
Pınar
Rebelle-Santé N° 210 27