Page 27 - Rebelle-Santé n° 214
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COUP DE GUEULE
lors d’un divorce compliqué, un médecin de Montpellier a massa- cré à coups de hache sa femme et ses deux filles. Il s’est suicidé une fois en prison.
MAIS C’EST UTILE QUAND MÊME QUAND ON EST DÉPRESSIF ?
Non ! Au contraire : les benzodia- zépines favorisent la dépression. On ne doit jamais associer les antidépresseurs aux tranquillisants, même au cours des 3 premières semaines, contrairement aux idées reçues ! Avant, on enseignait aux médecins qu’un antidépresseur met 3 semaines à agir, et que donc pour éviter tout suicide durant ce laps de temps, mieux valait donner un tranquillisant conjointement. Or, cette association ne convient pas du tout. En plus, aucun antidépres- seur n’a prouvé qu’il augmentait le risque de suicide durant ces 3 premières semaines. Pour éviter un effet secondaire qui n’existe pas, on prescrit un médicament en plus qui provoque cet effet secondaire !
LES BENZODIAZÉPINES CRÉENT-ELLES UNE DÉPENDANCE ?
Oui, mais pas très forte, et ce n’est pas un problème majeur. Le sevrage se passe bien à condition que le médecin, motivé et concer- né, ait un protocole à proposer. Il doit avoir l’honnêteté de dire aux patients que moins ils avalent de ces somnifères, mieux ils dor-
miront ! On ne le croit jamais au début et c’est pourtant vérifié sys- tématiquement. Nous sommes tous dépendants de quelque chose, ne serait-ce que de l’air que nous res- pirons. Les diabétiques sont dé- pendants de l’insuline, etc. Donc la dépendance n’est pas si grave, à condition que le produit en ques- tion soit indispensable. C’est là que le bât blesse : les benzodia- zépines sont non indispensables et en plus néfastes.
ET ENCORE ?
Elles sont à l’origine de chutes. Une personne âgée qui prend son comprimé le soir et se lève la nuit pour aller aux toilettes subit la sédation PLUS les vertiges orthos- tatiques (liés encore une fois à ce médicament) : le risque de fracture est réel. Et c’est « le début de la fin ». Parlons aussi des accidents de la route : nombre sont dus aux sédatifs. Évoquons aussi les alcoo- liques, qui s’endorment ivres sur le dos, vomissent et inhalent leur vomi : pas très ragoûtant mais un grand classique sous benzodiazé- pines. Alcool, benzodiazépines et barbituriques même combat, ils agissent par le même biais, ce sont tous des gabaergiques. Associer al- cool et benzodiazépines potentia- lise leurs effets négatifs.
COMMENT SE SEVRER DES BENZODIAZÉPINES ?
C’est simple et compliqué à la fois. 1 : il faut une vraie motivation.
2 : il faut « mesurer » : depuis com- bien de temps vous en prenez, et à quelle dose. Plus c’est long, plus c’est dur. Et c’est plus difficile de se passer de certaines : le Témesta et le Xanax contiennent les plus addictives de toutes les benzodia- zépines. Il arrive que l’on propose aux gens de se sevrer par du Sé- resta, considéré comme le « moins pire ». Demi-vie relativement brève (18 h) et surtout, pas de mé- tabolites actifs. Alors que Témesta, Lexomil, Tranxène, Lysanxia...
c’est une autre histoire. Le Tran- xène, c’est 72 h = prenez 10 mg de Tranxène, dans 3 jours vous avez encore 5 mg dans le sang ! Il faut 15 jours pour ne plus en avoir du tout !
Le renouvellement des récepteurs c’est 18 jours, disons environ 3 semaines. Ma technique (et j’ai fait ma thèse sur ce sujet) : retirer toutes les 3 semaines 1⁄4 de com- primé. L’idéal est de n’avoir plus qu’un seul produit, c’est-à-dire le moins pire des hypnotiques (Imo- van) et le moins pire des tranquil- lisants (Séresta). Jusqu’au dernier petit quart dont il est difficile de se séparer. J’aime bien prescrire des gélules vides et le patient les remplit de farine ou autre ; dans 1 seule, il verse le quart de comprimé, comme ça il ne sait pas le soir, quand il avale sa gélule, si elle est active ou placebo... et au final il réalise qu’il ne voit pas de différence sur son sommeil. Mais il y a d’autres tech- niques, l’important étant de finir par arrêter complètement.
Propos recueillis par Anne Dufour
À chacun son temps de sommeil !
La NSF (National Sleep Foundation), organisme américain spécialisé dans le sommeil, propose ces temps moyens, à moduler toutefois selon chaque individu.
Bébé 0 - 3 mois : 14 à 17 h/jour Bébé 4 - 11 mois : 12 à 15 h/jour Enfant 1 - 2 ans : 11 à 14 h/jour Enfant 3 - 5 ans : 10 à 13 h/jour Enfants 6 - 13 ans : 9 - 11 h/jour Ado 14 - 17 ans : 8 - 10 h/jour Adulte 18 - 64 ans : 7 - 9 h/jour Seniors + de 65 ans : 7 - 8 h/jour
Rebelle-Santé N° 214 27