Page 30 - Rebelle-Santé n° 222
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NUTRITHÉRAPIE
Cela m’amène à traiter de la question de l’oxydation.
LA SUPPLÉMENTATION EN PRATIQUE
Ce n’est pas bien entendu par hasard que je fais fi- gurer les oméga-3 dans la liste des compléments ali- mentaires « essentiels ». Les apports recommandés en EPA et DHA sont de 250 mg par jour pour cha- cun, soit 500 mg au total. Or, notre consommation quotidienne moyenne de ces deux types d’oméga-3 se limite à 102 mg pour l’EPA et à 137 mg pour le DHA ! Et encore s’agit-il d’une moyenne...
Bref, une supplémentation à dose nutritionnelle n’a rien de superflu pour une personne en relative bonne santé, surtout si les poissons gras ne figurent que rarement au menu.
Dose conseillée : 500 à 1000 mg par jour.
En revanche, il convient d’envisager la prise de doses supra-nutritionnelles quand on souffre déjà de problèmes de santé chroniques (douleurs in- flammatoires, troubles cardio-vasculaires...).
Dans ce cas, le dosage conseillé peut grimper
jusqu’à 4000 mg par jour.
À titre d’exemple, sur la base des travaux cliniques à disposition, on peut ainsi estimer pertinent de prendre des oméga-3 EPA et DHA à raison de 2000 mg par jour pour réduire le taux de triglycé- rides, de 3000 mg par jour pour diminuer la ten- sion artérielle ou de 4000 mg pour améliorer les symptômes de la migraine chronique. Mais comme l’effet thérapeutique des oméga-3 est généralement dose-dépendant, c’est en définitive à chacun – en concertation avec son thérapeute – d’évaluer le dosage le plus efficace pour lui-même.
Pour finir, une précision d’importance : la prise d’oméga-3 à dose élevée n’est pas incompatible avec un traitement anticoagulant.
Selon les autorités sanitaires européennes, la sup- plémentation à long terme en EPA et DHA com- binés jusqu’à 5000 mg par jour n’augmente pas le risque de saignement spontané et n’aggrave pas les saignements chez les personnes prédisposées (par exemple, celles qui prennent des anticoagulants ou de l’aspirine).
Didier Le Bail
(1) Cela ne concerne pas l’huile de tournesol oléique, à la composition très différente.
(2) Vous noterez le côté ambivalent de l’acide arachi- donique, souvent pro-inflammatoire, mais également anti-inflammatoire à ses heures à travers la produc- tion des lipoxines.
Les oméga-3 sont particulièrement fragiles en raison de leur sensibilité à l’oxydation. Or, des oméga-3 oxydés perdent non seulement toutes leurs propriétés bénéfiques, mais peuvent même devenir nocifs pour la santé. Les huiles de poisson peuvent se détériorer au cours du processus de fabrication (cuisson à trop haute température), puis au cours du transport et du stockage (containers et entrepôts non réfrigérés).
Comment garantir leur fraîcheur ?
Le fabricant est tenu de déterminer l’indice TOTOX de son produit. Il s’agit d’une méthode de mesure per- mettant d’évaluer le degré d’oxydation de l’huile de poisson. On recherche la présence de substances telles que les peroxydes, les aldéhydes, les cétones et les furanes. Au final, l’indice TOTOX ne doit pas dépasser 26. Beaucoup de vendeurs d’oméga-3 n’apportent pas cette information au consommateur. Et pour ne rien arranger, plusieurs enquêtes ont révélé que les huiles de poisson commercialisées ont un indice TOTOX fré- quemment supérieur à 26 en dépit de l’ajout de vita- mine E (antioxydant).
Alors, comment s’y retrouver ?
D’abord, en lisant Rebelle-Santé, qui vous apporte des informations fiables et prend le temps d’enquêter pour vous. Dans le cas présent, j’ai scanné le marché et j’ai fini par dénicher des huiles de poisson de quali- té dont les niveaux TOTOX mesurés sont inférieurs à 2 (Oméga 3 - Lab. UNAE) et à 5 (Bi-Omega-1000 - Lab. Energica Natura). Impossible de trouver mieux !
Quid des nombreuses huiles de poisson labellisées EPAX ? Elles sont également intéressantes dans la me- sure où la qualité EPAX assure un indice TOTOX infé- rieur à 10 au sortir de la phase de fabrication.
Ensuite, comme vous ne disposez pas d’informa- tions sur les conditions de transport et de stockage des huiles de poisson, faites-en sorte de choisir un produit dont la date de péremption est la plus éloignée pos- sible. Une fois en possession du produit, sentez l’inté- rieur du flacon et le cas échéant, mâchez une capsule. Ni l’odeur ni le goût ne doivent être désagréables. Le flacon est à garder impérativement au réfrigérateur.
Les algues et le krill sont des sources alternatives d’oméga-3 EPA et DHA, mais ils présentent l’incon- vénient de coûter respectivement 4 fois et 10 fois plus cher que les huiles de poisson à quantité égale en EPA et DHA. Rédhibitoire quand on doit se supplémenter à doses élevées en oméga-3.
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