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RENCONTRE
Le travail corporel, artistique, est votre fil conduc- teur pour accompagner les personnes ?
Oui, ma formation et ma sensibilité reposent sur le travail artistique avec le corps. Voir quelqu’un mettre des mots dans la bouche d’une marionnette et ainsi « aller mieux » grâce à cette distanciation m’a prouvé maintes fois la grande puissance du travail artistique, corporel, énergétique. Le corps ne ment pas.
Mon stage de danse-thérapie en hôpital psychiatrique, une super expérience, a déterminé mon parcours en shiatsu. En ESAT (Établissement et Service d’Aide par le Travail) – des établissements médico-sociaux dont l’objectif est l’insertion sociale et professionnelle des adultes handicapés –, j’ai aussi pu constater à quel point le travail corporel aidait en cas de handicap mo- teur ou mental. Au bout de 10 séances de shiatsu, des personnes en souffrance mentale ou psychique étaient ouvertes aux autres, plus proches (tout en gardant leurs distances), et provoquaient moins de conflits. Quand on ne se sent pas bien, que les émotions du passé (ou la peur du futur) nous rattrapent ou nous empêchent de vivre, certains n’ont pas la force ou l’envie d’ex- primer cela avec des mots : un travail corporel peut donner des résultats spectaculaires et permettre à la personne de verbaliser certaines problématiques.
Vous avez aussi travaillé en EPHAD ? Donc avec des personnes âgées ?
Oui. Là, le shiatsu prend tout son sens.
Cette pratique de la médecine traditionnelle chinoise permet de travailler sur les méridiens du corps, comme en acupuncture mais sans aiguilles : à travers des pres- sions et des étirements de ces méridiens. Le but : har- moniser l’énergie corporelle. La personne participe à travers la respiration. Il existe de nombreux shiatsus, certains doux, d’autres très toniques : on s’adapte à la personne. En EPHAD, c’est très doux : gym douce, étirements, gym énergétique (do-in).
Le but est d’aider à retrouver une mobilité, à apaiser les angoisses, la tristesse et les souffrances psycholo- giques, à calmer aussi les douleurs physiques liées à la maladie, à l’immobilisation, aux traitements ou aux crispations musculaires (consécutives au stress). On améliore également les troubles intestinaux, si fré- quents en EPHAD (constipation...).
Le shiatsu en cabinet, ce sont des situations plus « simples » ?
J’ai de tout ! Enfants, adultes, tous les types de symp- tômes. Angoisses, hyperactivité, insomnie, maux de dos... peu importe la problématique de base (ce pour- quoi les personnes viennent consulter), le point de départ est souvent émotionnel ou dû au stress.
Le shiatsu y répond parfaitement.
D’abord c’est un toucher, donc au-delà d’un travail énergétique sur les points et les méridiens, c’est une rencontre entre le patient et le praticien, le dialogue corporel s’établit entre deux personnes. Le patient reste habillé (manches longues et pantalon), je demande juste que les vêtements soient en fibres naturelles, de manière à bien sentir la chaleur, les vibrations.
Je renoue ici avec ce que je sais et que j’aime faire : aider et accompagner d’une part, encourager l’expres- sion du corps d’autre part. Un dos, un genou, une main peuvent communiquer et donner des choses, sachons les écouter !
Vous accompagnez aussi des couples qui ont du mal à avoir un bébé ?
Oui, l’une de mes spécificités est le travail sur la ferti- lité et les problèmes gynécologiques : endométriose, ovaires polykystiques, ménopause... Autant de problé- matiques avec une double composante physique et émotionnelle. Pour ce qui est des femmes enceintes, les praticiens en shiatsu sont tous formés à les accom- pagner.
Propos recueillis par Anne Dufour
Rebelle-Santé N° 222 41
© Xavier Della Chiesa