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pathologies
au niveau des extrémités tactiles comme les dernières phalanges des orteils et des doigts, mais aussi au ni- veau du cou. Dans 90 % des cas, la tumeur siège à proximité de l’ongle.
et la tUMeUR ?
La tumeur correspond à une proli- fération anormale du glomus. Son apparition est le plus souvent spon- tanée et sans raison. Pour autant, le volume de la tumeur reste mo- deste. En d’autres termes, difficile à diagnostiquer à l’examen clinique de la zone concernée. L’adulte d’âge moyen (entre 35 et 40 ans) est le plus souvent concerné et la femme est surexposée (3 femmes pour un homme).
UNe DoUleUR sYNCopale...
Comme on l’a vu, la tumeur glo- mique concerne essentiellement les doigts ou les orteils. Plusieurs atteintes simultanées sont pos- sibles. La tumeur glomique va se manifester par une douleur in- tense et localisée au niveau de la pulpe. Elle s’accroît avec le temps. Spontanée, la douleur augmente lorsque l’on touche ou que l’on presse la pulpe du doigt. On parle d’ailleurs de « zone gâchette ». La douleur est si forte parfois que le patient va retirer vivement son doigt des mains de l’examinateur. Des irradiations dans le reste de la main ou dans l’avant-bras sont habituelles. Une syncope (malaise) est même possible.
... et UNe seNsiBilitÉ aU FRoiD
Le glomus joue un rôle dans la thermorégulation, ce qui explique qu’en cas de tumeur glomique, la douleur est accentuée par le froid, à l’instar de la maladie de Raynaud. En cas de tumeur glo- mique, l’examen attentif de l’ongle montre une petite tache bleue ou violacée. Enfin, on ne retrouve aucune trace de corps étranger (écharde) et le doigt ou l’orteil pa- raissent indemnes du point de vue
neurologique (pas de déficit mo- teur ou d’altération neurologique).
test DU gaRRot
Autre élément essentiel du dia- gnostic, la disparition de la dou- leur après la pose d’un garrot arté- riel au niveau du poignet. C’est le test « d’Hildeth ». En effet, le gar- rot entraîne un effondrement de la pression vasculaire au niveau de la tumeur, diminuant ainsi les solli- citations nerveuses douloureuses. Fait important, à l’œil nu, la pulpe du doigt ou de l’orteil paraît nor- male. On est donc sûr qu’il ne s’agit pas d’échardes ou d’autres plaies et hématomes après trauma- tismes.
DiagNostiC De CeRtitUDe
Si la présence d’une zone gâchette associée à une douleur spontanée et à une hypersensibilité au froid suffisent à évoquer le diagnostic, certains examens complémentaires mettent la tumeur en évidence. Ainsi, une simple radiographie du doigt peut montrer une érosion de la phalange, en regard de la tu- meur, dans environ 30 % des cas. En cas de doute, le diagnostic de certitude passe par une imagerie par résonance nucléaire (IRM) ou une angiographie sous résonnance nucléaire (ARM) qui vont montrer et surtout bien localiser la tumeur. La localisation exacte de la tumeur est capitale pour le chirurgien. Elle permet de déterminer la nature de l’abord chirurgical (incision laté- rale, sous ou à travers l’ongle ?). Quant à l’échographie, elle s’avère très « échographiste-dépendant » et donc, soumise à l’expérience du praticien. En outre, elle ne per- met pas de mettre en évidence les tumeurs glomiques de moins de 3 mm.
ChiRURgie
La chirurgie est le seul traitement qui ait fait ses preuves. Pratiqué
en ambulatoire, l’acte chirurgical consiste à retirer toute la tumeur, tout simplement. Une ablation in- complète expose à la récidive.
Dr Daniel Gloaguen
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
Plusieurs pathologies peuvent simuler une tumeur glomique : uMélanome. Un mélanome peut se traduire par une tache brune verticale à type de code-barre sous un ongle. Le mélanome est indolore. uSyndrome de Raynaud. uKyste synovial. Développement d’une petite poche de liquide synovial à proximité d’une articulation. Le kyste est désagréable, mais indolore.
uAngiome. Il s’agit d’une prolifération vasculaire, moins douloureuse que la tumeur glomique.
uNeurinome. Tumeur neurologique pure, douloureuse avec une zone gâchette, mais sans hypersensibilité au froid et sans signe vasculaire à l’angio- IRM. uOstéome ostéoïde. Tumeur osseuse bénigne située sur une phalange. L’ostéome ostéoïde est douloureux et laisse des images spécifiques à la radiographie. Une scintigraphie permet son diagnostic de certitude. uExostose. Petit « bec de perroquet » au niveau d’une phalange et qui va irriter la peau alentour. uHématome. Dans ce cas, l’interrogatoire retrouve facilement le traumatisme initial. Mais si l’hématome peut prendre l’aspect d’une tumeur glomique, sa douleur en revanche s’estompe.
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