Page 21 - Le Petit Journal de Rebelle-Santé n° 215
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ALTERNATIVE
huiles essentielles. Pour une action immédiate mais de courte durée, on applique l’huile essentielle pure. Pour une action plus lente mais plus prolongée, on la dilue dans une huile végétale.
 On peut moduler la profondeur d’action en diluant plus ou moins les huiles essentielles. Une huile essen- tielle de lavande officinale diluée à raison de 3 % agira essentiellement sur la peau, et y restera longtemps pour y accomplir son œuvre assainis- sante, antiseptique... Alors que moins diluée, par exemple appliquée à 20 % sur la cuisse ou le bras, elle péné- trera rapidement jusqu’au derme puis jusqu’aux muscles en regard de la zone de massage : résultat, une ac- tion sur le muscle... mais pas ou peu sur la peau ! La dilution est un art à maîtriser en fonction non seulement de l’huile essentielle considérée mais aussi du résultat recherché.
 On associe les huiles essentielles avec les huiles végétales pour un ré- sultat optimal. Ces dernières ne sont pas seulement des vecteurs d’huile essentielle, elles contiennent aussi leurs propres molécules actives pos- sédant telle ou telle vertu – circula- toire, antalgique, anti-âge...
 Lorsqu’on applique une huile es- sentielle, on profite au passage de ses molécules par voie olfactive. Un vrai "2-en1" qui comporte ses avan- tages et... ses inconvénients ! Une huile essentielle de lavande officinale appliquée pour des raisons cicatri- santes... sera également apaisante et aidera à s’endormir. Une huile essen- tielle d’ylang-ylang pure et naturelle, très régénératrice pour la peau et les cheveux, sera également hyper- anxiolytique et son action sur l'équilibre nerveux est telle qu’elle fait chuter la pression artérielle et est déconseillée aux personnes hypotendues ou sous traitement anti-hypertension ! La can- nelle de Ceylan est certes très anti- septique, mais également très stimu- lante... pas vraiment à appliquer le soir avant de retrouver Morphée.
 Le massage, l’application en soi est agréable, et joue un rôle récon- fortant, thérapeutique. Car le "peau à peau" est une forme directe et in- tense de communication. Nous avons tous cela profondément ancré dans nos gènes. Un contact cutané rappelle
toujours, même inconsciemment, celui que nous avions avec notre ma- man quand nous venions de naître. Et quand, tout jeune enfant, elle nous prenait dans ses bras pour nous pro- téger, nous entourer.
Pour autant, il n’est pas question de faire n’importe quoi...
Les précautions d'emploi
Certaines huiles essentielles sont dermocaustiques : on évite de les appliquer sur la peau, ou alors seu- lement fortement diluées dans de l’huile végétale. C’est le cas des huiles essentielles riches en phénols ("ol" = carvacrol, thymol...) comme l’origan, la sarriette, le thym à thymol, le clou de girofle. Remarque : certains phé- nols sont plus corrosifs que d’autres – le carvacrol (huile essentielle d'ori- gan) l’est 17 fois plus que le thymol (huile essentielle de thym à thymol), pourtant déjà bien agressif. C’est aus- si le cas des huiles essentielles riches en aldéhydes aromatiques, comme les cannelles.
 Certaines huiles essentielles sont phototoxiques ou photosensibi- lisantes : on ne les applique jamais le matin ni en journée avant une expo- sition solaire. Seulement le soir à la belle saison, ou sous des vêtements parfaitement couvrants, sinon gare aux taches irréversibles ! C’est le cas des huiles essentielles issues de zestes d’agrumes (bergamote, citron...) et, dans une moindre mesure, de certaines autres huiles essentielles comme celle de khella. Quelques huiles végétales sont également pho- tosensibilisantes, spécialement celle de millepertuis : même restrictions, mêmes précautions !
Certaines huiles essentielles donnent froid... si froid qu’elles peuvent pro- voquer une véritable hypothermie très difficile à stopper. C’est le cas des menthes, avec leur menthol. La "pire" est sans doute la menthe des champs, qui en renferme 80 %. Donc on ne joue pas avec la posologie, et on ne se dit pas qu’on va s’octroyer un massage complet avec "plein d’huile essentielle de menthe" pour lutter contre les effets de la canicule. La menthe poivrée, oui, mais diluée, en toute petite quantité, et accompa- gnée d’autres huiles essentielles.
 Certaines huiles essentielles doi- vent être employées avec précaution chez les personnes asthmatiques ou épileptiques, même en petite quan- tité, même par voie cutanée. C’est le cas des huiles essentielles à cinéole (= romarin à cinéole, myrte à cinéole, eucalyptus à cinéole...), ou de l’huile essentielle d’hélichryse italienne.
 Ce n’est pas parce qu’on utilise une huile essentielle pure qu’elle va mieux "marcher". Diluée, elle péné- trera peut-être plus lentement mais agira aussi plus longtemps, ce qui est important lorsqu’on cherche un effet longue durée (antiseptique ou anti- stress par exemple).
 Lorsque l’on fait appel aux huiles essentielles pour se soigner, on peut "monter" jusqu’à un certain seuil d’huile essentielle pour les besoins du traitement. Utiliser les huiles es- sentielles à des fins cosmétiques est différent : ce même seuil est abaissé de manière à réduire le risque poten- tiel de dermocausticité ou autre. En effet, l’on peut éventuellement tolé- rer des petits désagréments si c’est
 Plus les huiles essentielles caustiques, plus on les dilue.
sont
 Plus on a affaire à des personnes jeunes ou fragiles, plus on les dilue.
 Plus on a une peau sensible, plus on les dilue.
 En automédication, on évite l’utilisation des huiles essentielles à phénols sur les enfants de moins de 6 ans (sauf conseil médical contraire, bien contrôlé par un spécialiste), ain- si que sur les femmes enceintes ou allaitantes.
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