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COrps-esprit
c’est à la portée de tout un chacun. Vous pouvez com- mencer tout de suite en prenant soin de vous détendre tout en observant votre souffle passer dans le courant de son rythme naturel. Vos pensées traversent l’espace mental comme les nuages passent dans le ciel, laissez- les faire sans chercher à les retenir, sans y prêter plus d’attention et détendez-vous. Si vous voulez com- mencer par quelque chose, vous pouvez pratiquer cet exercice aussi souvent que vous le souhaitez, même brièvement, mais vous pouvez aussi lui accorder une dizaine de minutes et là, le bien que vous en tirerez sera décuplé.
une méthode ancestraLe
On parle beaucoup de la méditation de pleine conscience et les ouvrages et autres entreprises fleu- rissent à ce sujet avec un grand succès. Les origines de cette pratique remontent à l’époque où le Bouddha lui-même l’enseigna de manière plus approfondie à ses disciples, dans le but de leur permettre de déra- ciner les causes des souffrances logées dans l’esprit humain. À présent, le monde ne veut retenir que les techniques, négligeant volontairement les efforts parti- culiers à produire en même temps que le savoir-faire. Un peu comme lorsque l’on traite un problème de santé en soignant le symptôme sans en chercher la cause profonde et la guérir. Il en va de même avec la pratique méditative qui ne doit pas s’en tenir seu- lement à rester tranquille quelques instants régulière- ment, mais s’appliquer à demeurer présent dans tous les faits et gestes du quotidien.
C’est donc là où intervient l’attitude essentielle de la méditation nommée “Vipassana”.
La conscience toujours présente
Vipassana signifie “la vision pénétrante”, autrement dit : voir les choses si clairement qu’elles apparaissent telles qu’elles sont et non telles que les projections de l’esprit les montrent selon les tendances mentales des uns et des autres.
Pour bien vous exercer à la méditation, il vous faut une belle motivation. Plus vos aspirations seront nobles et élevées, plus leurs résultats vous donneront satisfaction. Il ne s’agit pas d’un travail sur soi, mais en soi, et pour cela il n’y a rien à forcer. Votre moti- vation va soutenir votre progression tout en douceur, sans contraintes, sans violences intérieures, faites- vous confiance. Accordez-vous un peu de temps pour observer ce qui se passe en toute chose dans l’im- médiateté. Apprenez ainsi à regarder l’instant sans chercher à l’interpréter, sans le juger. Contemplez cet instant tel qu’il est sans y introduire quelque senti- ment que ce soit, restez neutre juste à ce moment. En pratiquant de cette manière, vous devenez le témoin de la vie telle qu’elle se présente à chaque instant qui passe. Vous n’imaginez pas à quel point cette pratique est reposante, déstressante et détoxiquante. N’hésitez pas, faites-en l’expérience.
Les obstacLes à La méditation
Le mental ne cesse jamais ses productions, il cherche sans arrêt à produire quelque chose, à faire ou à dé- faire, et c’est ce besoin inconscient du vouloir entre- prendre qui nuit aux bénéfices de la méditation. Pour apaiser l’activité mentale incessante, voici quelques exercices de base.
détendre le corps avec une pause méditative
Imaginez que votre corps est une barque flottant au milieu d’un lac... Sans autre mouvement que le suivi rythmique du bercement des eaux qui vous portent, vous existez dans le courant du présent... Peu à peu, votre souffle s’élève et redescend, indiquant la pré- sence de votre conscience... Une barque qui se laisse aller dans le courant du temps.... Un temps qui se soulève et qui s’apaise au gré de vos inspirs, de vos expirs... Une barque au centre d’un lac de toute éter- nité... La barque de votre corps... Laissez-vous médi- ter ainsi pendant une dizaine de minutes.
conscience de l’esprit
(à pratiquer à la suite d’une détente corporelle)
Lorsque le corps est rendu léger, souple et vaste comme l’espace, l’esprit se tourne vers lui-même et s’observe en tant que présence instantanée. Vous en- tendez les bruits, vous sentez les odeurs, etc., mais vous ne vous y arrêtez pas. Être juste présent à ce qui est, c’est tout. Ainsi l’esprit peut observer la reposante situation de constater son propre éclat, son ouverture, sans la contrainte des jugements et des appréciations. L’esprit est disponible, rien ne le prend, rien ne le retient, il est libre de penser à lui comme étant sans forme, sans couleur, insaisissable. Il se repose alors dans la transparence de sa limpidité, il fait l’expé- rience de sa vacuité...
Méditez votre esprit de cette manière autant de temps qu’aucune autre pensée ne viendra interférer l’expé- rience vive de la clarté de votre esprit.
conseiLs
Ne pas donner suite aux pensées qui se présentent, mais ne pas non plus chercher à s’en débarrasser. Laissez-les donc passer sans pour autant les ignorer, un peu comme on regarde le paysage défiler depuis la fenêtre d’un train en marche. C’est en restant en l’état d’absence de fixation des idées que vous installerez les conditions idéales pour bien méditer. Attention à ne pas sombrer dans la torpeur qui endort ou dans l’agitation qui survolte. Autrement dit, ne donnez pas suite aux pensées qui se présentent. Laissez-vous absorber dans l’instant. Prenez l’habitude de devenir conscient de tout ce que vous faites, tout ce que vous dites et tout ce que vous pensez. Rien pour autant ne doit devenir pesant, prenez soin de garder en vous
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