Page 41 - Rebelle-Santé n° 224
P. 41

 on la connaît, elle est définie : tout sauf changer ! Donc forcément, ça n’avance pas. Souvent, le patient attend que tout vienne du thérapeute. Or, il n’y a pas de magie : la réponse n’est pas en dehors, elle est en soi. Même chez les enfants.
Un exemple précis ?
Des voisins ont fait hospitaliser leur fille de 3 ans et demi suite à un trouble alimentaire. À cause des vomissements, elle ne mange plus du tout et refuse d’être nourrie par « des tubes ». Elle a peur de vomir. L’équipe médicale est embêtée, les parents affolés. Histoire de tenter le tout pour le tout, j’enregistre un audio d’hypnose de 15 mn, et propose à sa maman de lui faire écouter pendant son sommeil, plusieurs fois dans la journée. Miracle, l’enfant recommence à man- ger ! Une compote, un yaourt... c’est gagné. Les infir- mières et les parents évidemment ravis ! L’audio était basé sur une Visualisation positive motivationnelle immédiate (VPMI), avec l’esprit de la méthode Coué (« Je vais bien ») et de la méthode Vittoz (thérapie psy- chosensorielle). J’ai enregistré des paroles rassurantes autour de « C’est ta petite voix intérieure qui te parle. Tu es à la maison, ta maman cuisine, ça sent bon. Elle prépare la chose que tu aimes le plus manger... ». Puis au bout d’un moment, affirmation positive « À par- tir de maintenant, je suis heureuse de manger. C’est bon pour ma santé ». En sortant de l’hôpital, où je suis allée l’accueillir, ma petite voisine m’appelait sa meilleure amie (alors qu’on s’était à peine rencontrées jusque-là). Les pouvoirs du subconscient !
La VPMI fonctionne pour quoi ?
Elle fonctionne pour les blocages et les troubles phy- siques générés ou entretenus par le mental. Je pense à cette dame qui souffrait physiquement. Au fil de la séance de VPMI (« À partir de maintenant je suis bien dans mon corps, mon corps est en pleine santé »), elle
retrouvait son énergie et son visage exprimait un réel changement.
Son mental disait à son corps qu’elle était bien. On peut actionner des leviers tels que « Je me vois comme si j’étais en pleine santé, je saute, cours... », « Je res- sens l’air, et une odeur de croissant chaud, je touche une écharpe en cashmere d’un très beau vert »... On est en confiance, on est bien, on se sent bien.
Pourquoi travailler spécialement avec l’enfant et l’ado ?
Tout se crée entre 1 et 7 ans. Un enfant en difficulté psychologique, c’est potentiellement un ado de 12 ans en phobie scolaire, puis un adulte à problème. Autant arrêter la machine infernale avant ! Et puis les enfants sont volontaires, ils ont envie d’aller mieux, c’est plus simple que les « grandes personnes ». Et si on prend le problème à la racine, on n’aura pas à le faire plus tard, enfoui sous des tonnes de strates. Moi, j’étais une enfant anxieuse ; à la kermesse je craignais de monter sur scène, tout était un problème. Si j’avais travaillé sur ce « nœud » au départ, je ne serais certainement pas devenue spasmophile, etc. Un enfant sauvé, c’est un adulte sauvé ! Un ado, c’est plus compliqué. S’il est volontaire, génial. Sinon, ça va bloquer et, souvent, ce sont les parents qu’il faudrait voir. Je pense à cette ma- man qui répétait à sa fille de 12 ans, phobique scolaire « Si, souviens-toi, tu n’étais pas bien ce jour-là, tu avais peur ! » « Non, maman, je t’ai déjà dit que non ! ». En fait, c’est la mère qui a peur, et qui transmet sa peur à son enfant ! Quant à l’adulte, il doit faire son propre choix, exprimer son désir d’avancer, d’être autonome. Il doit avoir déjà réfléchi, être prêt à un travail parfois douloureux. Alors que l’enfant/l’ado est amené par ses parents, il se laisse porter : c’est plus simple.
Propos recueillis par Anne Dufour
RENCONTRE
   Rebelle-Santé N° 224 41
Photos p 40 et 41 © Medoucine






















































































   39   40   41   42   43