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SOCIÉTÉ ET RURALITÉ
Quelles évolutions du monde rural avez-vous perçues depuis les 27 ans d’existence de votre magazine ?
Au début des années 1990, le discours était domi- né par le refrain sur la désertification rurale et les lamentations autour de la diagonale du vide. Même s’il correspondait à une réalité, contre le défaitisme ambiant, avec notre magazine, nous voulions mon- trer que malgré tout, il y avait aussi des initiatives intéressantes dont on ne parlait pas et qu’il fallait arrêter de se morfondre pour reprendre en main sa communauté de destin. Le monde rural n’a surtout rien d’homogène. Certains villages s’en sortaient déjà mieux que d’autres, selon qu’ils avaient été préservés dans leur environnement, qu’ils étaient situés près du littoral ou bien reliés aux transports et à la ville, qu’ils disposaient d’une forte vie associative ou bé- néficiaient d’une bonne politique locale. Les facteurs sont multiples. On ne peut pas considérer la cam- pagne comme un tout. Il faut rendre compte de la diversité des situations. Les recensements entre 1990 et 1999 permettaient déjà d’observer une recompo- sition du monde rural. Certes, la désertification agri- cole est indéniable. Le nombre d’agriculteurs a chuté dramatiquement au profit de l’agrandissement des exploitations et des logiques de productivité, mais dans le même temps, de nouveaux arrivants se sont installés à la campagne, des gens qui n’étaient pas agriculteurs, ni même ruraux à la base, qui exerçaient toutes sortes de professions, à l’origine de nouvelles dynamiques. Les pouvoirs publics et les ruraux eux-
mêmes n’ont pas forcément vu venir ce mouvement qui s’est renforcé dans les décennies suivantes.
Village magazine n’est-il pas devenu en quelque sorte un observatoire des campagnes ?
Dans le magazine, on évite surtout de faire des gé- néralités. Bien sûr qu’il reste encore des campagnes vieillissantes, en déclin et loin des villes, où les gens se sentent rejetés et oubliés des pouvoirs publics avec des services de plus en plus éloignés, et qui n’ont pas forcément un seuil d’habitants suffisant pour faire va- loir leurs atouts. Les déserts médicaux sont une vraie problématique. La réalité des territoires est très iné- gale : il y a des campagnes ouvrières ou très agricoles, d’autres vieillissantes ou « bourgeoises » ou touris- tiques. Les stratégies sont donc différentes. Le déve- loppement du télétravail change aussi la donne. Pour rendre compte de ces réalités, il n’y a pas d’autres solutions que de faire du cas par cas. Village magazine est à la fois un observatoire des initiatives locales indi- viduelles et collectives au niveau communal ou asso- ciatif par exemple, que des évolutions et des enjeux. Nous sommes surtout un outil pour créer du lien, sou- tenir les envies et donner du courage à tous ceux qui voudraient franchir le pas pour agir différemment.
Quel est le sens de votre slogan : « Le plein d’énergies positives » ?
À travers des enquêtes, quand nous cherchons à savoir pourquoi les lecteurs nous lisent, ils nous
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