Page 45 - Rebelle-Santé n° 224
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      répondent que Village est pour eux une bouffée d’air frais sur les horizons du possible. Pour nous, c’est aussi un moyen d’échapper aux perspectives anxiogènes car le catastrophisme paralyse. Nous ne disons pas non plus que c’est facile. Le but n’est pas de montrer une vision idyllique du monde rural. Il ne suffit pas d’avoir une bonne idée et trois tuyaux pour s’installer. Au contraire, en ouvrant les champs du possible, au niveau local, nous témoignons des contraintes budgétaires, des difficultés rencontrées par les uns et les autres, pour que ceux qui voudraient franchir le pas puissent le faire en toute conscience. En revanche, nous ne parlerons pas d’une usine polluante qui s’installerait dans une région rurale, car si on en parlait, ce serait pour en montrer l’impact négatif, or le but de notre magazine consiste à donner des pistes différentes de développement, respectueuses des Hommes, du patrimoine et des paysages. Nous ne sommes pas un magazine de dénonciation mais de témoignage d’actions. Nous parlons depuis le milieu rural, les deux pieds sur le terrain. Dans le numéro en kiosque en ce moment, nous évoquons la création de la filière « quinoa » qui s’est montée en Anjou. L’impulsion à l’origine revient à une seule personne. Pour les lecteurs, ces exemples ouvrent des perspectives formidables. En voyant d’autres personnes qui ont réussi, ils peuvent mieux anticiper les erreurs qu’ils pourraient commettre, et entrer en contact les uns avec les autres. À la fin de chaque article, nous relayons ainsi les besoins de chacun.
Le magazine est un vrai vecteur de liens et nos pages consacrées aux petites annonces jouent ce rôle.
Quelle est la nature de votre engagement au niveau local ?
Tout est à retricoter localement. Nous prônons les stra- tégies ouvertes de développement local qui prennent en compte le contexte global du réchauffement clima- tique et les enjeux économiques de la mondialisation. Du local qui inclut toute la population, y compris les milieux sociaux les plus défavorisés. Du local en lien aussi avec les villes environnantes.
Le but n’est pas de créer des îlots autour de positions réactionnaires qu’on voit émerger, y compris dans la philosophie des circuits courts. Nous sommes engagés pour des campagnes différenciées, reliées et ouvertes sur les villes et le monde, qui savent valoriser leurs res- sources à la fois locales et humaines, sans pour autant encourager le pillage des ressources naturelles.
En cela, l’information joue un rôle capital. J’étais ré- cemment en reportage dans la campagne normande, dans un endroit du bocage traditionnellement dévolu à l’élevage, où les haies et les talus ont été arrachés pour laisser la place à la culture céréalière. Résultat : les champs sont inondés. Je ne porte pas de jugement. Je propose juste de considérer que les décisions poli- tiques prises au niveau macro ou les changements de mode de consommation peuvent avoir des répercus- sions énormes sur les écosystèmes locaux. On pense faire pour le mieux en achetant des produits bio qui viennent du monde entier, des produits végans com- mercialisés par des multinationales sans mesurer les conséquences sur les sols, les paysages ou les popula- tions locales. C’est cette complexité qu’on essaye de
Dossier Cap sur l'autonomie dans le numéro de printemps.
SOCIÉTÉ ET RURALITÉ
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