Page 47 - Rebelle-Santé n° 224
P. 47
10 IDÉES REÇUES SUR LES SAIGNEMENTS ET LES HÉMORRAGIES
POUR SÉPARER LE VRAI DU FAUX
« Docteur, faites vite, il y a du sang partout ! » De toutes les urgences, les saignements sont les plus anxiogènes pour les patients comme pour l’entourage. Et pourtant, ils sont rarement graves.
URGENCES
Dr Daniel Gloaguen
1. La gravité d’un saignement dépend de sa durée
Vrai. Mais un petit saigne- ment – type plaie de doigt, du visage ou après chute – qui se prolonge est moins dangereux qu’un saigne- ment artériel en jet !
2. Un adulte de corpulence normale abrite environ 3 litres de sang
Faux. Il contient environ 5 litres, ce qui laisse de la marge pour les petites plaies du quotidien ! Sauf exception (traitement anti-
coagulant, pathologie de la coagu- lation...), l’arrêt d’un saignement est obtenu en 2 à 4 minutes. Le caillot définitif se forme en 10 mi- nutes environ.
3. Quand ça saigne, c’est toujours urgent !
Faux. Sauf exception (section des gros vaisseaux), les saignements ne revêtent pas un caractère d’ur- gence extrême, même s’il convient de les arrêter, bien entendu. Car, dans la plupart des cas, le saigne- ment est lié à une lésion veineuse ou capillaire et ne présente donc pas un caractère immédiat de gra- vité.
4. Les hémorragies internes sont beaucoup plus graves
Vrai. Moins spectaculaires mais très intenses, elles peuvent s’avérer graves, voire mortelles, comme la rupture de la rate après un trauma- tisme abdominal, la rupture d’un anévrysme aortique, une hémor- ragie digestive (rupture de varices œsophagiennes) ou encore l’hé- morragie cérébrale.
5. Il faut toujours mettre un garrot
Faux. Sauf exception (amputation d’un membre avec hémorragie en jet), le garrot est dangereux et peut se solder par un arrêt cardiaque lorsqu’on le retire, voire par une
amputation du membre sous le niveau du garrot. En cause, le relâchement brutal des toxines accumulées sous le niveau du garrot dans le premier cas et l’absence totale de vasculari-
sation du membre dans le second.
6. On peut se vider de son sang lors d’une blessure cutanée
Faux. Si la perte de sang peut être effectivement spectaculaire, avec une plaie du cuir chevelu ou du visage par exemple, on ne se vide jamais de son sang. Pour autant, les hémorragies peuvent être plus importantes ou prolongées en cas de traitement par anticoagulants (aspirine, héparine, antiagrégants plaquettaires...).
7. Il faut faire un point de compression devant une hémorragie.
Vrai. Dès lors qu’il s’agit d’un
saignement en jet à chaque bat- tement cardiaque qui indique l’existence d’une plaie arté- rielle. Certaines plaies artérielles sont particulièrement redoutées, comme les plaies des grands plis des membres (aisselle, coude, aine, arrière du genou...) ou en- core au cou. Parce qu’ils sont plus sélectifs, les points de compres- sion ou les pansements évitent les inconvénients du garrot.
8. En cas de saignement du nez, il faut mettre la tête en avant
Vrai. En effet, si le saignement n’ap- paraît plus lorsqu’on met la tête en arrière, c’est simplement parce que le sang passe par l’arrière- gorge pour s’écouler dans l’esto- mac. La position tête en arrière masque donc l’existence d’un sai- gnement.
9. Certaines pathologies rendent les hémorragies plus dangereuses
Vrai. Les patients âgés, fragiles ou encore souffrant d’une maladie cardio-vasculaire peuvent subir les effets d’une déperdition sanguine importante.
10. L’INR (International Normalized Ratio) permet de surveiller un traitement par anticoagulant.
Vrai. L’INR est un marqueur de la coagulation qui permet de com- parer le temps de coagulation du patient par rapport à celui d’un patient témoin standard.
Dr Daniel Gloaguen
Rebelle-Santé N° 224 47